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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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3. « Laisse-toi aller ! »<br />

Le désir de l’<strong>et</strong>hnologue semble avoir des liens très privilégiés avec l’identification.<br />

Le fait de vouloir trouver « dans des territoires étrangers une figure de nous même », le fait<br />

« d’être alimenté par le désir mimétique qui se trouve au fondement de tout rapport social »,<br />

semble nourrir la nostalgie de l’<strong>et</strong>hnologue, c’est ce que j’apprenais à travers l’enseignement<br />

de Jean-<strong>Paul</strong> Resweber. Si nous partons de ce postulat, se pose obligatoirement la question de<br />

l’implication de l’<strong>et</strong>hnologue. Je suis issu d’une école de recherche qui tend à prendre en<br />

compte les affects <strong>et</strong> émotions ressentis par le chercheur : sa subjectivité. Non par<br />

égocentrisme mais par souci d’obtenir des informations provenant de l’interaction<br />

enquêteur/enquêté.<br />

Richard Lioger a une influence déterminante sur c<strong>et</strong>te étude, en particulier sur la<br />

méthodologie employée lors du terrain. Ses étudiants doivent tenter de cerner – après coup –<br />

les modalités du discours : à qui s’adressent les propos tenus par l’informateur ? Dans quel<br />

cadre se situent-t-ils ? Quelle est l’influence de l’observateur sur le recueil de données ? Tout<br />

au long de la recherche sur le terrain, les informateurs vont se faire une idée plus précise sur le<br />

suj<strong>et</strong> <strong>et</strong>hnologue. Ils vont lui attribuer des identités successives <strong>et</strong> diverses. L’identité des<br />

informateurs fluctue également avec le temps. Avec un peu de chance, elles deviennent moins<br />

floues. Lors de ces mutations, l’obj<strong>et</strong> de la recherche est toujours le même mais les<br />

connivences entre les acteurs de la recherche ont évolué, <strong>et</strong> les informations peuvent être<br />

bouleversées. L’observateur peut rester aveugle à ces mutations. Selon Jeanne Favr<strong>et</strong>-Saada,<br />

« le travail <strong>et</strong>hnographique consiste à aller se coller dans un système de places qui nous est<br />

inconnu : celui, particulier, au groupe que nous avons choisi d’étudier. Mais alors, “prendre<br />

place” )…( consiste plutôt à ne viser aucune place, pas même celle de l’<strong>et</strong>hnologue. » Le<br />

même auteur de rajouter : « à les lire, les <strong>et</strong>hnographes n’auraient, avec leurs informateurs,<br />

qu’une communication verbale, volontaire <strong>et</strong> intentionnelle, destinée à se faire enseigner un<br />

système de représentations indigènes. Or c’est la variété la plus pauvre de la communication<br />

humaine : s’il ne se passait que cela, comment les chercheurs percevraient-ils les aspects non-<br />

verbaux <strong>et</strong> non intentionnels de la communication ? Et s’ils maîtrisaient à ce point leurs<br />

paroles, leurs gestes <strong>et</strong> leurs affects, comment pourraient-ils apprendre quoi que ce soit qui<br />

compte ? » 1<br />

1 (Interview de) Jeanne Favr<strong>et</strong>-Saada, Glissements de terrains. Vacarme, Eté 2004, n°28, 4-12.<br />

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