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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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l’expérience maraboutique de l’homme l<strong>et</strong>tré <strong>et</strong> noble. Rabah, comme nous le dira Richard<br />

Lioger, s’est immédiatement placé en situation de « gardien du temple » <strong>et</strong> donc de la<br />

tradition islamique. Ce n’est pas pour rien qu’il côtoie les anges. Lors de son enseignement, <strong>et</strong><br />

comme me le fera comprendre Abdel Wedoud Ould Cheikh, toutes les femmes de sa famille<br />

<strong>et</strong> de son entourage ont été évincées. La figure féminine est apparemment absente, sauf<br />

lorsqu’il jugera Zidiya )l’informatrice que nous avons présentée dans la partie intitulée « c’est<br />

l’intention qui détermine la pratique » 1 ), de femme également noble. Mais il y a toujours des<br />

exceptions à la règle. Le seul héritage que Rabah a reçu, c’est celui de ses aïeux masculins qui<br />

sont les descendants – rappelons-le – du compagnon du prophète Othman ben Affen, de<br />

Qoreish, le fondateur de la tribu du prophète Mohamed, d’Ismaël, le père des arabes,<br />

d’Abraham, le père des croyants, de Noé <strong>et</strong> Adam. Le passé prestigieux de sa famille lui<br />

faisait dire que la place qu’il occupe dans la tradition maraboutique est au-dessus de la<br />

condition d’autres thérapeutes exerçant dans la même sphère <strong>et</strong> qui n’ont pour capital que la<br />

simple manipulation ou habitude <strong>et</strong> sensibilité. Le premier des capitaux était parfaitement<br />

représenté, selon lui, par la personne de Mohamed le Charlatan, le second par Jamila.<br />

A la fin du chapitre précédent, nous avons également évoqué le cas de Mohsen, notre oncle.<br />

Son initiation échoua pour une question d’habitude. Il fit de nombreux allers <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ours entre<br />

les connaissances sorcellaires de Mohamed <strong>et</strong> le savoir plus orthodoxe de Rabah, avant de<br />

choisir <strong>et</strong> de vouloir être initié par la famille des Tlill. Il y gagnait en prestige. Mais Mohsen<br />

avait besoin qu’on lui montre le chemin. Il n’avait pas intégré les conduites. Il devait fournir<br />

beaucoup plus d’efforts que Rabah qui avait évolué dans un milieu maraboutique. D’ailleurs,<br />

lorsque nous assistions à des rites soufis, je demandais à Rabah pourquoi il n’avait pas fait<br />

partie, comme les soufis, d’une confrérie ? Voilà ce qu’il me répondit :<br />

Ethn _ Toi tu fais pas partie d’une tarīka ?<br />

Rabah _ Non.<br />

Ethn _ Pourquoi ?<br />

Rabah _ Je suis intelligent, je travaille toutes les choses avec intelligence.<br />

Rabah n’a pas besoin de répéter à l’infini des exercices religieux toujours identiques. Il s’agit<br />

d’une façon d’appréhender la vie en générale <strong>et</strong> le religieux en particulier – de manière<br />

totalement différente. Peut-être même que pour notre informateur, ces soufis qui ne font que<br />

répéter les mêmes actes à longueur de journée sont à m<strong>et</strong>tre à un rang inférieur à celui que<br />

1 Cf. partie II, chapitre II, 5.<br />

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