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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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Le corps est l’outil de c<strong>et</strong>te médiation, tout comme le rūh du marabout, <strong>et</strong> tout comme le<br />

marabout l’est également vis à vis de sa communauté 1 . L’obj<strong>et</strong> médiumnique du marabout, sa<br />

salive, l’imposition de ses mains, vise à remédier à la « crise de la transmission » en agissant<br />

contre le mal par la mal. L’individu ne veut pas assumer un héritage, alors on va lui<br />

transm<strong>et</strong>tre ce qu’il y a de plus personnel à chaque individu.<br />

Nous avons, depuis le début de c<strong>et</strong>te étude, fait peu de cas des soins thérapeutiques<br />

apportés par Rabah. Nous avons expliqué c<strong>et</strong>te carence en partie par l’obligation qui nous<br />

était faite, depuis le début de notre terrain, de nous tenir à l’écart de c<strong>et</strong>te geste thérapeutique.<br />

Cependant, pour illustrer l’importance de la relation thérapeutique qui existe entre le<br />

marabout <strong>et</strong> le patient – même si le patient est, la majorité du temps, un simple malade <strong>et</strong> non<br />

pas un futur initié – nous allons présenter des observations que nous avons effectuées sur la<br />

pratique de Rabah, observations qui furent possibles parce que Rabah nous jugeait aptes à<br />

présent à assister à c<strong>et</strong>te scène (nous lui avions poser la question « qu’est-ce qu’un djinn ? »).<br />

Mais au-delà de l’acte )<strong>et</strong> de toutes les techniques thérapeutiques( qui suit, nous sommes en<br />

droit de nous demander si ce n’est pas la présence seule de Rabah qui fait du bien au patient ?<br />

1 Nous avons introduit une partie de notre étude sur les voyantes Lorraines, partie consacrée au corps<br />

thérapeutique, par les propos suivants :<br />

« Ainsi à travers les dires de Sophie [l’une de nos informatrices, nous le rappelons], l’on peut prendre conscience<br />

de l’immense responsabilité qui incombe à la voyante, d’où la nécessité de mêler savoir-voir <strong>et</strong> savoir-faire. La<br />

voyante doit être capable, rien qu’en rencontrant son client, de comprendre la sensibilité de ce dernier <strong>et</strong> ce en<br />

étant soi-même une sensitive )sensibilité acquise lors de l’élection douloureuse( de par le fait de prendre tout<br />

d’abord conscience du langage du corps, de “percevoir ces indices si fragiles <strong>et</strong> évanescents que sont toutes les<br />

expressions non verbales émanant à notre insu de notre corps”. C<strong>et</strong>te manière d’être, mêlée à l’intuition, fait<br />

partie des informations que recueille la voyante sur le consultant, <strong>et</strong> s’avère être la première technique de<br />

voyance. De c<strong>et</strong>te forme de savoir découlera l’éthique de la voyante, c’est à dire qu’elle jugera propice ou non de<br />

divulguer certaines intuitions, ou parfois décidera tout simplement d’interrompre une consultation par le simple<br />

fait qu’à ce moment elle n’est pas inspirée […] En eff<strong>et</strong> il apparaît que, malgré les facultés dont disposent ces<br />

voyantes, elles sont parfois dans l’incapacité de voir quoi que ce soit. Le verbe “voir” a été utilisé alors que<br />

depuis le début de c<strong>et</strong>te étude nous lui avons préféré le terme intuition pour des raisons “d’efficacité technique”<br />

pourrait-on dire ! Car pour la voyante, voir n’est pas synonyme de regarder quelque chose, mais plutôt de<br />

ressentir, d’avoir une émotion : “ [Sophie ] ce que nous voyons en tant qu’aveugle, nous le transm<strong>et</strong>tons. Bon on<br />

nous dit : ‘des voyants’. Oui ! Il faut bien donner un nom. A ce métier. A ce métier qui est vieux comme le<br />

monde. Mais je dirais plutôt que c’est une perception. On ressent. On capte. C’est plutôt ça, c’est une sensation<br />

qu’on a au bout des doigts”. » La citation qui accompagne nos propos est tirée de François Laplantine, Ibid., p.<br />

157.<br />

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