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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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extravague <strong>et</strong> hallucine). Bien au-delà des cercles confrériques, chacun en est convaincu : plus<br />

c<strong>et</strong>te étape de déstructuration a été grave <strong>et</strong> dramatique, plus grande est alors la compétence<br />

magico-religieuse… » 1 A la différence de Bertrand Hell qui évolue dans l’univers de<br />

l’<strong>et</strong>hnologie symbolique, nous nous attachons à démontrer que c<strong>et</strong>te déstructuration n’est pas<br />

que symbolique <strong>et</strong> donc seulement le fruit de la surnature. Nous avons fourni une multitude<br />

d’éléments appuyant nos hypothèses. Seulement, comme Bertrand Hell, nous pensons que,<br />

plus la condition sociologique des populations observées est perturbée, plus leurs chances<br />

d’évoluer dans la sphère maraboutique seront élevées. C’est là que réside tout le cheminement<br />

des hypothèses sur l’œil, hypothèses que nous pouvons à présent faire coïncider avec celles<br />

émises sur « la souffrance initiatique » de nos informatrices lorraines, informations recueillies<br />

au moment où nous mêmes nous attachions une grande importance à l’<strong>et</strong>hnologie symbolique,<br />

plus particulièrement à l’œuvre de Mircea Eliade. Car nous avons précisé auparavant que « la<br />

souffrance initiatique » de nos informatrices, le fait d’avoir su surmonter les épreuves, leur<br />

avait permis de se constituer comme des thérapeutes, des voyantes <strong>et</strong> des médiums. Plus<br />

grande avait été l’intensité de leur trouble, plus grande était leur qualité d’écoute vis à vis de<br />

leur patient. Elles étaient à même de cerner les obstacles qui les faisaient souffrir parce<br />

qu’elles-mêmes avaient su les surmonter. Or, qu’est-ce que la souffrance initiatique des<br />

voyantes <strong>et</strong> guérisseuses lorraines sinon l’œil de nos informateurs tunisiens ? Les états que ces<br />

deux populations d’informateurs ont eu à traverser sont exactement les mêmes. Accéder, pour<br />

ces deux populations, à l’initiation, a consisté pour l’essentiel à revendiquer leur marginalité<br />

comme un trait légitime de leur personnalité. Et c’est sûrement ce dernier terme de<br />

personnalité qui caractérise le mieux la qualité du marabout : pour reprendre le terme employé<br />

par Aïssa Ouitis, l’individualisation de la personne. Car en guise d’introduction à notre<br />

présente étude, nous n’avons pas oublié de préciser que tout, à Bir El Haffey, a lieu de<br />

manière collective : l’individu, une fois qu’il saisit les règles de fonctionnement de la<br />

communauté, qu’il oublie qu’il est un personnage particulier <strong>et</strong> qu’il est prêt à aller au-delà de<br />

toutes les résistances qu’il ressent, peut commencer, paradoxalement, à exister. Or, dans le<br />

maraboutisme, c’est l’inverse. L’individualisation, condition de la saint<strong>et</strong>é populaire,<br />

directement liée au charisme, est ce vers quoi ont tous voulu tendre nos informateurs. Ils ont<br />

refusé de se plier au collectif. C’était leur propre personne avant tout.<br />

1 Le tourbillon des génies, p. 160.<br />

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