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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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plus caché mais devient menace parce qu’il a lieu sous les yeux d’autrui. Ce n’est pas tant<br />

l’acte qui est gênant, c’est le fait qu’il soit rapporté aux autres qui gêne. Peut-être est-ce aussi<br />

le fait qu’il faille à ce moment s’adresser à un marabout ? Nous avons vu qu’à chaque fois que<br />

le marabout intervient, c’est à des stades critiques de la vie communautaire. Par exemple,<br />

pour la famille des Akrimi, c’est quand leurs terres ou leurs femmes risquent de leur<br />

échapper, terres <strong>et</strong> femmes qui sont le symbole de leurs richesses. Pour la famille<br />

maraboutique des Tlill, il y avait menace quand la tradition avait du mal à se réaliser, quand il<br />

y avait le risque de voir se dissoudre leur savoir <strong>et</strong> science maraboutique. Ce qui représente<br />

leur grande valeur. Or, quelle plus grande menace peut-il y avoir pour une famille<br />

maraboutique que de voir tant de femmes s’immiscer dans leur domaine d’activité <strong>et</strong> leur faire<br />

concurrence ? Rabah, le représentant de la tradition des Tlill à Bir El Haffey, ne doit-il pas<br />

faire avec de nombreuses autres personnes qui sont également capables de s’approprier une<br />

grande parcelle de baraka ? La menace n’est-elle pas plus grande encore puisque ces<br />

personnes sont essentiellement des femmes qui n’ont pas hérité, comme lui, de l<strong>et</strong>trés ? Outre<br />

c<strong>et</strong>te menace, nous avons vu qu’un autre personnage diabolique rôde sur ses terres ou plutôt<br />

sur les terres des Akrimi, terres que Rabah s’efforce de maintenir stables au vu de la grande<br />

amitié qui lie ces familles )leurs ancêtres n’auraient-ils pas, à un moment donné, contracté des<br />

alliances ?(. L’autre personnage qui est un diable en puissance est, nous l’avons vu, Mohamed<br />

qui plus est le charlatan. Il semble que la violence qui sert à les désigner n’est pas à négliger<br />

au vu de notre étude.<br />

Le lecteur sera peut-être surpris par le cheminement de notre pensée mais il s’avère<br />

que celle-ci s’offre à lui comme elle s’offre en ce moment à nous-mêmes. Pour en arriver à ce<br />

point, il fallait en passer par la manipulation <strong>et</strong> la sensibilité, deux modes d’approche de la<br />

culture maraboutique qui nous ont été transmis par Rabah lui-même <strong>et</strong> qui nous ont permis de<br />

commencer à parler de ce domaine, c’est à dire à m<strong>et</strong>tre des mots sur ce domaine. Mais<br />

maintenant, nous nous rendons compte que ce don, qui nous a été fait par Rabah, nous<br />

emmène bien plus loin que nous ne l’avions imaginé. L’œil agit comme une lun<strong>et</strong>te qui nous<br />

perm<strong>et</strong> d’effectuer une lecture toute différente du matériau que nous avons recueilli auprès de<br />

Rabah. Car, au moment où il y a maladie, au moment où la sensibilité propre à la pratique<br />

maraboutique risque de devenir débordante, les djinn interviennent <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent de relayer ce<br />

type d’information. C’est là que tout se joue. C’est c<strong>et</strong>te étape qui est si souvent décrite<br />

comme la crise élective du chaman <strong>et</strong> c’est c<strong>et</strong>te étape qui s’avère être à l’origine de la plupart<br />

des activités magiques <strong>et</strong> religieuses. C’est à ce moment que l’individu s’imagine ou est<br />

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