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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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nécessaire d’implorer Dieu. Pour cela il existe une formule. C<strong>et</strong>te formule est celle qui est<br />

employée dans toute l’aire arabo-musulmane : « Au nom de Dieu Clément <strong>et</strong> Miséricordieux<br />

(bi-smi al-lāhi al-rahmāni al-rahīm) ». Avant de manger, de boire, d’avoir un rapport sexuel,<br />

avant chaque action, l’homme <strong>et</strong> la femme arabes emploient c<strong>et</strong>te formule, particulièrement<br />

dans les endroits isolés ou les places souillées, lieux d’habitations privilégiés par les djinn. De<br />

même, c<strong>et</strong>te formule est une introduction à chaque sourate du Coran, pour que la lecture se<br />

fasse sans la perturbation du diable. Elle est censée rendre serein <strong>et</strong> protéger le fidèle. Elle<br />

rappelle la soumission de l’homme à un être supérieur, l’omniprésence de la religion dans la<br />

vie quotidienne. Tout le monde la formule ; qu’il soit riche ou pauvre, homme politique ou<br />

simple paysan 1 .<br />

Vincent Crapanzano distingue deux états : l’état où la personne est simplement frappée<br />

(le djinn reste à distance <strong>et</strong> ne la contrôle pas( <strong>et</strong> l’état où la personne est possédée )elle n’a<br />

plus toute sa volonté). Dans ces deux cas, la personne est considérée comme « majnun » 2 ,<br />

attaquée par un djinn. Ahmed Rahal précise qu’ « on distingue, dans le mode de conception<br />

populaire en Tunisie, quatre notions qui désignent chacune un type particulier d’atteintes par<br />

les jinn : le Medhrub (frappé par un jinn), le Mesboub (atteint par un jinn), le Meskoun<br />

)habité par un jinn(, le Memlouk )possédé par un jinn(. […] Les deux premières s’appliquent<br />

à des agressions dites “externes” qui n’altèrent pas, le plus souvent, l’identité de la victime » 3 .<br />

Le plus souvent dit-il – c’est à dire qu’il reste de la place pour des interprétations différentes,<br />

notamment pour nos interprétations qui ne seront pas toutes aussi tranchées, lorsque nous<br />

tenterons de cerner le mode de l’élection. Car – est-ce dû à nos carences de langage ? – à Bir<br />

El Haffey, nous n’avons pas trouvé une telle symptomatologie. Nous avons r<strong>et</strong>rouvé une<br />

allusion cependant aux premières catégories : une attaque externe causée par une attaque<br />

douce, à savoir une caresse de djinn (mass mina al-djunūni). Alors que les dernières<br />

catégories peuvent être représentées par ce que nous désignons sous le terme général <strong>et</strong> un peu<br />

1 Un taleb nous dit à ce suj<strong>et</strong> :<br />

« Une nuit, pendant que je rêvais, une femme mère de djinn est arrivée <strong>et</strong> elle a dit : “<strong>et</strong> voilà ce sont les gens qui<br />

nous offensent. Ils ont j<strong>et</strong>é des pierres sans dire bi-smi al-lāhi al-rahmāni al-rahīm <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te pierre a frappé mon<br />

fils. Alors il saigne <strong>et</strong> vous voulez que je ne les punisse pas ?” »<br />

2 Vincent Crapanzano (2000), Les Hamadchas. Une étude d’<strong>et</strong>hnopsychiatrie marocaine. Paris : Sanofi-<br />

Synthélabo, p. 243. « Mejnoun » a été transcrit tel que Vincent Crapanzano l’a effectué dans son texte.<br />

3 Ahmed Rahal (2000), La communauté noire de Tunis : thérapie initiatique <strong>et</strong> rite de possession. Paris :<br />

L’Harmattan, p. 71-72.<br />

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