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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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seulement. Certes, nous avons dressé toutes les généalogies de nos informateurs <strong>et</strong> nous allons<br />

les reproduire dans c<strong>et</strong>te section. Cependant, nous nous sommes surtout intéressés aux<br />

personnes dites douées, au sens philosophique du terme. Mais si nous partons de notre<br />

postulat que la plupart des marabouts ont eu à subir une période de trouble, que celle-ci fut<br />

plus ou moins intense selon l’importance de l’héritage de l’individu, cela peut-être un principe<br />

de départ intéressant pour débuter l’analyse de nos généalogies : <strong>et</strong> cela, sans occulter la<br />

nature des canaux de transmission de la baraka, puis les différences, s’il y en a, entre la<br />

transmission des hommes <strong>et</strong> celle des femmes, bien entendu.<br />

2. Les généalogies<br />

S’il faut se convaincre de l’importance de l’œil <strong>et</strong> du fait généalogique, je vais à<br />

présent raconter un événement qui se déroula en compagnie d’amis, lors d’une soirée, tout à<br />

la fin de mon terrain.<br />

Un boucher, prénommé Amor <strong>et</strong> faisant partie de la famille des Akrimi, ayant enseigne au<br />

souk, m’avait invité, ainsi qu’un de mes cousins, à dîner. Nous nous y sommes rendus. Nous<br />

avons dîné de pâtes, salades, bricks <strong>et</strong> poissons. La femme d’Amor, que je ne connaissais pas,<br />

nous tint compagnie durant le repas. Le dîner terminé, je fis connaissance avec elle. J’appris<br />

qu’elle ne faisait pas partie de notre famille mais d’une famille de la région de Sfax. Depuis<br />

quelque temps, je remarquais que tous les informateurs que j’avais rencontrés avaient choisi<br />

de rompre avec la règle si précieuse de l’endogamie, notamment du mariage avec la cousine<br />

<strong>et</strong> le cousin parallèle, pour s’aventurer vers d’autres lignages 1 . Le fait que c<strong>et</strong>te femme en<br />

avait fait autant m’avait mis sur la piste. Je lui demandai si elle possédait de grands ancêtres,<br />

elle me répondit que oui. Je lui demandai si elle était ‘arrāfa, elle me dit que oui. Elle me<br />

précisa que c’était un homme de la famille de Rabah qui lui avait dit qu’elle pouvait pratiquer.<br />

Pour confirmer tous ces éléments, je lui posai ensuite une question sur l’œil, puis sur le<br />

pendant de l’œil, les esprits. Elle me dit qu’elle était toujours frappée par l’œil puis qu’elle<br />

était régulièrement en contact avec un djinn, voire un rūhānī, qui empêchait même son mari<br />

de la battre (au départ ce sont les djinn qui sont censés frapper les femmes, pas les maris). Sa<br />

position d’‘arrāfa lui perm<strong>et</strong>tait de se protéger d’un mari violent. Comme si le maraboutisme<br />

laissait la possibilité à bon nombre de femmes de trouver, par le biais de c<strong>et</strong>te pratique, un peu<br />

1 C<strong>et</strong>te règle ne vaut pas pour les générations précédentes.<br />

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