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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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Akrimi est plus consommatrice de baraka que productrice. Elle est réputée comme très<br />

demandeuse. A plusieurs reprises, notre traducteur nous répéta que les Akrimi cherchaient<br />

toujours à rencontrer les marabouts. Or, une demande adressée au marabout est de deux<br />

types : soit il s’agit d’une demande de guérison, soit une demande d’initiation. Concernant la<br />

famille en question, si elle est très demandeuse de soins physiques ou spirituels, sur quoi<br />

peuvent reposer ses raisons ? Une parole prémonitoire à Bir El Haffey semble se réaliser ; il<br />

s’agit de la parole de Kaddour : viendra un jour où les Akrimi perdront tout 1 . D’après notre<br />

méthode, ces signes sont ceux de l’œil. Ils peuvent agir comme des indicateurs de la condition<br />

sociale de l’individu. D’après ce que nous avons observé, il semble que les Akrimi<br />

commençaient réellement à perdre patience face à deux situations : de plus en plus de femmes<br />

leurs échappaient. Nombreuses sont les jeunes femmes de leurs familles à continuer leurs<br />

études <strong>et</strong> à immigrer vers les grandes villes. Ayant goûté à c<strong>et</strong>te émancipation, nombreuses<br />

sont celles également déterminées à ne plus reproduire le modèle d’union en vigueur dans<br />

leurs familles 2 , modèle qui est à l’origine même de leur naissance (nous avons déjà évoqué<br />

c<strong>et</strong>te évolution sensible dans la description de l’environnement culturel de Bir El Haffey. Cf.<br />

partie I, chapitre II, 3).<br />

A plusieurs reprises, nous avons discuté avec notre oncle Mohsen de ses difficultés<br />

financières. Il se demandait si, pour remédier à ses problèmes, il ne devait pas se résoudre à<br />

vendre une partie des terres dont il a hérité. C<strong>et</strong>te question le plongeait dans un profond<br />

désarroi. Dans l’attente de la résoudre, il s’end<strong>et</strong>ta auprès de nombreuses personnes. Il décida<br />

également de se marier sans pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Sa conduite devint<br />

aux yeux de Rabah incompatible avec une initiation maraboutique :<br />

1 Un jour, nous avons discuté avec un peintre qui était venu faire des travaux dans la maison paternelle.<br />

J’évoquais avec ce peintre la question du maraboutisme <strong>et</strong> notamment du personnage Kaddour qu’il avait connu.<br />

Ce peintre, issu d’une autre famille que les Akrimi, se souvint des paroles de Kaddour, <strong>et</strong> se mit à ricaner quant à<br />

la situation de notre famille dans un sens restreint tout autant que large.<br />

2 A ce suj<strong>et</strong>, il est intéressant de noter que pour Pierre Bourdieu, « […] dans la pratique, le mariage avec la<br />

cousine parallèle ne revêt la signification <strong>et</strong> la fonction idéales que lui confère le discours officiel que dans les<br />

familles assez fortement intégrées pour souhaiter ce renforcement de l’intégration <strong>et</strong> ne s’impose en tous cas de<br />

façon absolue qu’en des cas de force majeure […] ». Ibid., p. 133. En cas de force majeure… nous dit Pierre<br />

Bourdieu.<br />

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