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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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les appellent souvent” 1 . Il est donc encore plus légitime de dire de la kula ce qu’un Indien<br />

skagit disait du potlach : “ c’est comme une poignée de mains immatérielle” 2 . La Kula<br />

constitue la main visible du don » 3 . Tout comme la baraka constitue le moment où les<br />

relations entre les individus évoluent positivement. Il fallait que Rabah arrive dans le besoin<br />

car il devait occuper une position de demandeur vis-à-vis du shaikh. Rabah devait cacher ses<br />

potentialités devant ce maître pour pouvoir faire l’obj<strong>et</strong> de nouveaux dons <strong>et</strong> ainsi augmenter<br />

son capital baraka. Rabah était dans le besoin, on lui donna du don pour le<br />

conforter/confronter. Rabah augmenta son capital de vie. Rabah continuait à expliquer les<br />

évènements de notre visite au shaikh :<br />

Rabah _ Mohsen avait préparé des questions sur une feuille qu’il m’a donnée dans la voiture<br />

pour que je vois les choses valables, qu’il pouvait demander au shaikh, <strong>et</strong> les choses qu’il<br />

devait enlever. Pour qu’il respecte son shaikh. Car dans ce domaine une toute p<strong>et</strong>ite faute peut<br />

tout arrêter. J’avais fait une faute avec ce shaikh <strong>et</strong> il me l’a rappelée lors de c<strong>et</strong>te visite. Je lui<br />

avais dit que j’allais faire fabriquer des lun<strong>et</strong>tes mieux que celles qu’il porte. Mais j’avais pas<br />

l’argent. Il m’a dit : « Où sont les lun<strong>et</strong>tes ? » C’est très difficile de lui dire que je n’ai pas<br />

l’argent car je travaille presque pour rien. Dès fois je travaille <strong>et</strong> on ne me paye pas. Ce que<br />

j’ai gagné au chantier, avant de venir, je l’ai donné à Mohsen, à Mohamed [un<br />

accompagnateur], au shaikh 4 . Quand il m’a dit : « Où sont les lun<strong>et</strong>tes ? », je me suis senti<br />

triste. J’en suis encore malade. Pourquoi je suis venu avec vous ? C’était pour vous aider. J’ai<br />

reçu d’aider les autres, d’être malade, d’être triste.<br />

Rabah ne lui a pas ramené ses lun<strong>et</strong>tes, il est à ce moment incapable de tenir sa parole <strong>et</strong> donc<br />

de tenir sa place dans le système maraboutique. Il risquait de perdre la face. Perdre la face<br />

signifiait qu’il pouvait revenir avec une quantité moindre de baraka. Les efforts qu’il pensait<br />

récolter auprès de ce maître n’étaient pas aussi conséquents qu’il l’envisageait. Ce qui aurait<br />

déplu à la garde se trouvant à proximité de son ancêtre Sidi Jabala.<br />

Ceci est la représentation de la communauté, la métaphore du groupe. Le mythe représente la<br />

vie des hommes <strong>et</strong> ne se laisse comprendre que par la vie des hommes. Nous avons tant<br />

1 Citation de J.T. Godbout : Ann<strong>et</strong>te B. Weiner, « La Kula <strong>et</strong> la quête de la renommée », Revue du MAUSS, n°6,<br />

4 e trimestre 1989, p. 38.<br />

2 2 ème citation de J.T. Godbout : Isabelle Schulte-Tenckhoff (1986), Le potlach, conquête <strong>et</strong> invention : réflexions<br />

sur un concept anthropologique. Lausanne : Editions d’En-bas, p. 264.<br />

3 Godbout, ibid., p. 154.<br />

4 Lors de c<strong>et</strong>te visite, Rabah avait fait des aumônes.<br />

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