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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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en deux : celles qui impliquent les jnun <strong>et</strong> celles qui ne le font pas. Ces dernières comprennent<br />

les empoisonnements magiques, les malédictions magiques, la sorcellerie <strong>et</strong> le mauvais œil.<br />

Les premières portent sur les attaques ou les possessions par un djinn. » 1 Sur notre terrain,<br />

l’origine des maux comportent des explications identiques : sorcellerie, mauvais œil, attaque<br />

d’êtres surnaturels. Ces trois causes de maladies r<strong>et</strong>iendront, dans la majeure partie de c<strong>et</strong>te<br />

étude, plus notre attention que celles décrites comme mécaniques, à savoir relier un<br />

disfonctionnement organique à une faute d’inattention ou un manque de la part d’un individu,<br />

qu’il soit comportemental ou alimentaire.<br />

Certaines maladies ne trouvent pas d’explication, notamment auprès des médecins de<br />

formation universitaire. Nous avons vu avec notre informateur principal que des guérisseurs<br />

se spécialisent dans certains traitements de maladies <strong>et</strong> que leur réputation se transm<strong>et</strong> de<br />

bouche à oreille. C<strong>et</strong> informateur évoquait le fait que des docteurs de formation rationaliste<br />

n’hésitaient pas à envoyer des patients consulter des marabouts ou des parents proches de<br />

celui-ci lorsqu’il ne s’agissait pas de lui-même.<br />

Les seuls médecins que j’ai rencontrés insistèrent sur le réel danger que pouvaient avoir<br />

certains traitements magico-religieux. Ils voyaient ceux-ci comme une régression, un manque<br />

d’éducation. Un jour, je fus moi-même surpris par le traitement qui avait été prescrit à ma<br />

grand-mère. Celle-ci se plaignait de violents <strong>et</strong> permanents maux de tête depuis un très long<br />

moment. Aucun traitement n’avait jusque là fonctionné, même à l’hôpital. Un jour, elle<br />

décida de consulter un guérisseur traditionnel. Elle revint le soir avec des difficultés à se<br />

mouvoir. En fait de traitements, le guérisseur avait effectué des dizaines <strong>et</strong> des dizaines de<br />

saignées sur son dos, toutes longues d’au moins deux centimètres, soit disant pour évacuer le<br />

mal.<br />

Les p<strong>et</strong>its enfants n’échappent également pas aux divers soins émanant de tels thérapeutes.<br />

Mais, généralement, les parents les consultent parce qu’ils ont confiance <strong>et</strong> qu’ils connaissent<br />

l’efficacité de leurs pratiques. Dès son plus jeune âge, le moindre trouble ressenti par l’enfant<br />

pourra être attribué au mauvais œil ou à un tout autre mal 2 . L’enfant se familiarise très vite<br />

1 Vincent Crapanzano (2000), Les Hamadcha. Une étude d’<strong>et</strong>hnopsychiatrie marocaine. Paris : Sanofi-<br />

Synthélabo, p. 214-215.<br />

2 Belgacem me rapporta deux légendes qui ne laissent pas les populations – ainsi que lui-même – de la région<br />

insensibles. La première est la légende de la chou<strong>et</strong>te :<br />

« Il y avait une femme qui vivait toute seule avec son fils unique. Un jour, elle lui demanda d’emprunter le tamis<br />

des voisins afin de préparer la semoule. L’enfant sortit <strong>et</strong> vit ses copains. Il oublia la demande de sa mère <strong>et</strong> joua<br />

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