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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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qualifierons de maraboutique possède une efficacité intrinsèque même dans le mal. C<strong>et</strong>te<br />

efficacité semble avoir un lien avec la surnature. A force de pratique, le marabout ou sorcier<br />

obtient ce qu’il désire. A force de répétition <strong>et</strong> de manipulation, tout un chacun peut se voir<br />

accorder une parcelle de pouvoir par l’esprit sous-jacent à la technique usitée. Qu’il soit<br />

question de dispositifs techniques ou d’écritures, elles « fonctionnent » parce qu’elles sont<br />

censées être habitées par des génies. C’est là que nous pouvons apporter des nuances par<br />

rapport au flottement des termes de don <strong>et</strong> de sagacité. Le chemin a été parcouru, notamment<br />

au niveau de la traduction. La sagacité que possède Mohamed est un don. Il faut être doué<br />

pour se construire sa réputation : un don de première catégorie selon les spécialistes du<br />

domaine qui sont souvent des moralisateurs <strong>et</strong> des tenants d’une tradition plus orthodoxe du<br />

maraboutisme. Ce don symbolise les premiers rudiments de pratique. Il penche donc vers un<br />

axe qui tend vers l’habitus. Remarquons que c’est Rabah lui-même qui nous donna les<br />

traductions arabes des termes habitudes <strong>et</strong> manipulation.<br />

La réelle traduction du terme don est la suivante : al-mawhiba. Al-mawhiba provient du verbe<br />

wahaba, qui signifie littéralement « offrir sans qu’on vous demande ». Mais ce don en<br />

apparence désintéressé <strong>et</strong> une fois de plus approprié par la sphère religieuse, <strong>et</strong> par nos<br />

informateurs les plus reconnus qui auront tendance à traduire ce terme comme étant la « chose<br />

donnée par Dieu ». Seul Dieu pourrait être désintéressé. La baraka, elle, provient de « la<br />

racine BKR signifiant bénir. Toutefois, bien que centrale, c<strong>et</strong>te idée de bénédiction suprême<br />

ne reflète pas l’ensemble des notions liées à la baraka. » 1 Est-ce que le don implique<br />

nécessairement la bénédiction ? Cela nous renvoie une fois de plus aux classifications du don<br />

en plusieurs catégories qui dépendent, pour nos informateurs, de la proximité avec le divin.<br />

Car, selon eux, il existe une échelle de saint<strong>et</strong>é ou de maraboutisme. La première catégorie est<br />

représentée par l’‘arrāf ou le medicine-man, le somm<strong>et</strong> de la pyramide est constitué par le<br />

rang de ghawth. Il s’agit du « saint des saints ». Il a la particularité de connaître les secr<strong>et</strong>s de<br />

la création. Connaissance due à la découverte du centième nom de Dieu, le nom caché,<br />

contrairement aux quatre-vingt dix neuf autres noms. En ce moment, des ghawth n’existent<br />

pas. Il y en a eu des célèbres en Tunisie, dont Sidi Abdérahim, un marabout décédé de la<br />

région de Om El Ksab. Mais le plus fameux ghawth de l’aire arabo-musulmane fut, sans<br />

doute, nous l’avons vu dans la partie précédente, Sidi Abd El Kader Djilani.<br />

D’autres ambiguïtés sont présentes lorsqu’on côtoie Mohamed. C<strong>et</strong> informateur se<br />

réapproprie des figures marquantes de l’angéologie musulmane. Par exemple, il existe quatre<br />

1 Bertrand Hell, Ibid., 231.<br />

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