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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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Il nous est arrivé plus d’une fois d’entendre dire par des membres de notre famille <strong>et</strong> même de<br />

la part de notre traducteur, que les gens de la région sont chiites alors qu’ils sont en réalité des<br />

sunnites malékites. Un archéologue nous précisa même qu’un culte adressé à Fatima, la fille<br />

du prophète <strong>et</strong> épouse d’Ali ben Abi Taleb, avait été mis à jour dans la région. Or, à un<br />

moment donné de l’histoire, les habitants de c<strong>et</strong>te région était chiites : les Fatimides, dynastie<br />

arabe (909-1171), déclarant appartenir à la descendance du prophète par sa fille Fatima,<br />

s’établirent à partir de la Tunisie sur la majeure partie du Maghreb avant de rayonner sur<br />

l’Egypte. En ce qui nous concerne, nous pourrions préciser que le chiisme a ceci de particulier<br />

qu’il accorde une parcelle de divinité à Fatima ainsi qu’à Ali ben Abi taleb : parcelle de<br />

divinité que le sunnisme refuse même au prophète 1 .<br />

Un autre fait intéressant sur la famille des Akrimi <strong>et</strong> que nous avons évoqué au début de c<strong>et</strong>te<br />

étude est qu’elle fait remonter également sa généalogie aux Beni Hilal, tribu d’envahisseurs<br />

arabes envoyés par le calife Fatimide du Caire. Même si ces hordes arabes étaient, comme<br />

nous l’avons précisé, peu religieuses, leur migration était commanditée par un dirigeant chiite.<br />

Ces faits peuvent-ils être mis en rapport avec la forte culture maraboutique qui existe<br />

dans la région ? Catherine Mayeur-Jaouen précise, au suj<strong>et</strong> de l’expression de la religiosité<br />

populaire, en particulier dans le pays arabe phare, l’Egypte, que l’ « on reproche aux dévots<br />

d’adm<strong>et</strong>tre un intercesseur entre l’homme <strong>et</strong> Dieu, on les soupçonne de porter atteinte au<br />

monothéisme intransigeant de l’Islam en associant à Dieu tel saint ou le prophète lui-même,<br />

on les accuse à la fois de paganisme <strong>et</strong> d’arriération […] Grâce aux visites <strong>et</strong> aux pèlerinages<br />

aux saints tombeaux, les dévots se sentent plus proches, à travers le saint ou la sainte, du<br />

prophète, <strong>et</strong>, grâce au prophète, de Dieu. » 2 . Or c’est exactement ce qui se passe dans le<br />

chiisme actuel. Il existe – nous pouvons nous rendre compte de c<strong>et</strong>te importance à travers,<br />

malheureusement l’actualité – de grands pèlerinages dans les villes saintes d’Irak qui<br />

contiennent les dépouilles d’Ali ben Abi Taleb <strong>et</strong> d’autres saints. Les moments de ferveur <strong>et</strong><br />

1 « Le prophète se considérait comme un homme ordinaire, incapable d’accomplir des miracles, <strong>et</strong> la vénération<br />

des saints est condamnée par le Coran )sourate IX, 31(. Pendant la prière en commun, nul ne bénéficie d’une<br />

place privilégiée )excepté le prince, mais uniquement pour sa sécurité(, <strong>et</strong> dans l’islam primitif, les rites<br />

funéraires ne font l’obj<strong>et</strong> d’aucun faste spécial : “Semblables sont les tombes des riches <strong>et</strong> des pauvres” dit, vers<br />

66/685, un poète cité par al-Baladhuri. Doctrine <strong>et</strong> pratique n’empêcheront pas l’Islam, avec le temps, d’en user<br />

tout autrement. » Richard Ettinghausen, Ibid., p. 85.<br />

2 Catherine Mayeur-Jaouen )1996(, Coupoles <strong>et</strong> minar<strong>et</strong>s d’Egypte. In Mohamed Ali Amir-Moezzi, Lieux<br />

d’islam, Cultes <strong>et</strong> cultures de l’Afrique à Java. Paris : Editions Autrement, p. 131.<br />

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