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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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esoin d’explications farfelues ou de preuves. Quand nous lui posons la question des rūhānī il<br />

ne peut pas nous expliquer car, justement, c’est impossible d’en parler. Nous verrons, qu’il<br />

brode avec la réalité <strong>et</strong> souhaite qu’on en fasse autant. Finalement, Rabah aura été fidèle à<br />

« l’esprit du don ». Beaucoup plus fidèle que nous, qui sommes à la recherche de preuves. En<br />

ce sens, Rabah nous en apprend davantage car il nous laisse dans le doute, comme il paraît<br />

l’être lui-même. Ainsi, son modèle, comme le nôtre, est à discuter.<br />

2. « Tu es en crise, on te dit que tu as le don, c’est ça le drame »<br />

Pendant sa crise, l’individu transgresse la Loi, d’ailleurs, il dit ou fait toujours des<br />

choses inadmissibles, ce qui, pour nos informateurs, constitue la définition même de la<br />

maladie. L’<strong>et</strong>hnologue, n’ayant pas les mêmes représentations de la maladie, s’est davantage<br />

intéressé à la phase de bohème ou crise élective pré-initiatique caractérisée par une grande<br />

mélancolie. Car, nous n’avons entendu personne dire qu’il a été choisi parce qu’il a eu une<br />

conduite exemplaire. A l’origine, nos individus sont brigands, bagarreurs, solitaires. Donc, au<br />

départ, ils ne s’inscrivent pas dans une logique de don. Ou peut-être s’inscrivent-ils tout<br />

simplement dans une logique de don qui se situe du mauvais côté, celui de l’œil. Alain Caillé<br />

écrit, à ce suj<strong>et</strong>, dans un très long passage que nous choisissons de r<strong>et</strong>ranscrire dans sa totalité<br />

: « Le don pur, le seul qui, à en croire la pensée moderne, mériterait le nom de don, doit en<br />

eff<strong>et</strong> pousser jusqu’à l’horreur sa logique. Ce n’est pas seulement de toute promiscuité<br />

souillante avec l’intérêt qu’il lui faut se laver, mais aussi de tout risque de compromission<br />

avec le devoir <strong>et</strong> l’éthique. Commentant le Kierkegaard de Problema, J. Derrida écrit que,<br />

pour que le chevalier de la foi remplisse son devoir envers Dieu, “il faut que ce ne soit pas<br />

seulement par devoir” )p. 64(. Plus encore, le seul devoir qui existe est un “devoir de haine”<br />

(Luc XIV, 26) : “ Si quelqu’un vient à moi <strong>et</strong> ne hait pas son père, sa mère, sa femme <strong>et</strong> ses<br />

enfant, ses frères, ses sœurs <strong>et</strong> même sa propre vie, il ne peut être mon disciple ”. C<strong>et</strong>te haine<br />

professée par le chrétien intransigeant, est l’écho de celle qui avait permis à Abraham de<br />

prouver son amour pour Dieu. Pour que se donne la preuve ultime <strong>et</strong> que s’effectue le don<br />

véritable, “je dois sacrifier ce que j’aime…” Je dois haïr <strong>et</strong> trahir les miens, c’est à dire leur<br />

donner la mort dans le sacrifice, non pas en tant que je les hais, ce serait trop facile, mais en<br />

tant que je les aime. Je dois les haïr en tant que les aime… la haine ne peut être la haine, ce ne<br />

peut être que le sacrifice de l’amour à l’amour. Ce qu’on n’aime pas, on n’a pas à le haïr, à le<br />

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