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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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III ÉPILOGUE<br />

1. Le mythe <strong>et</strong> l’<strong>et</strong>hnologie<br />

De nos jours, on ne compte plus les études qui ont été réalisées sur le don. C<strong>et</strong>te notion<br />

est aussi large, voire aussi vague, qu’à peu près toutes les disciplines universitaires<br />

occidentales peuvent s’y intéresser. A partir de l’Essai sur le don de Marcel Mauss, <strong>et</strong> « sa<br />

triple obligation de donner recevoir <strong>et</strong> rendre », essai sur le don basé sur les Argonautes de B.<br />

Malinowski ainsi que des études de Franz Boas sur le potlach des indiens du Nord-Ouest<br />

Américain 1 , les grands noms de notre discipline tels Claude Lévi-Strauss, Bataille, Godelier<br />

)la liste serait trop longue s’il fallait tous les citer(, ont tenté également d’apporter leur pierre à<br />

l’édifice du don, non sans problèmes. Les études les plus récentes démontrent combien c<strong>et</strong>te<br />

notion véhicule un débat qui n’aura de fin que lorsque les hommes en viendront à perdre leur<br />

humanité <strong>et</strong> évolueront à travers un réseau constitué de relations désenchantées, réseau au sein<br />

duquel Aicha Qondicha ne représentera plus une menace. Peut-être, à ce moment, assisterons<br />

nous à la fin des études ayant pour obj<strong>et</strong> le don, puisque ces expressions, qu’elles soient<br />

populaires ou savantes, auront disparu. Ainsi, du même coup, disparaîtront le maraboutisme,<br />

le chamanisme… <strong>et</strong>, l’<strong>et</strong>hnologie.<br />

Le don est le contraire de l’échange marchand, ce qui signifie qu’il se situe en amont<br />

de ce dernier échange : « On mesure le contraste entre [des sociétés “qui expliquent les<br />

raisons de leurs actions, leurs origines, leur sens par des représentations imaginaires”] 2 <strong>et</strong> la<br />

société capitaliste d’aujourd’hui, où la plus grande partie des rapports sociaux sont<br />

impersonnels )ils engagent l’individu comme citoyen <strong>et</strong> l’Etat par exemple( <strong>et</strong> où l’échange<br />

des choses <strong>et</strong> des services passe pour l’essentiel par des marchés anonymes, ne laissant guère<br />

de place à une économie <strong>et</strong> à une morale du don. » 3 Le don est ce qui fait que l’homme est<br />

bien plus que ce vers quoi les sociétés post-industrielles ou post-modernes tendent à le<br />

confiner. Au risque de faire oublier, à l’homme, qu’à l’origine, il était un être évoluant dans<br />

un univers qu’il ne maîtrisait que partiellement, un univers où sa sécurité n’était pas le maître<br />

mot. Un univers où l’anthropologue avait encore son mot à dire puisque l’homme était, tel le<br />

don, incertain, donc humain. Après sa magnifique étude sur le suj<strong>et</strong> qui nous intéresse,<br />

1 C<strong>et</strong>te clarté de propos je la dois à Jacques T. Godbout : Jacques T. Godbout en collaboration avec Alain Caillé<br />

(2000), L’esprit du don. Paris : La Découverte & Syros, p. 148.<br />

2 Rajouter par nous.<br />

3 Maurice Godelier (1996), L’énigme du don. Fayard, p. 147.<br />

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