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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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Ahmed. » 1 . En guise d’expiation Ahmed effectua une visite à de nombreux sanctuaires <strong>et</strong> fit<br />

une rencontre avec une vieille mendiante qui lui rappela qu’il était le descendant d’un saint.<br />

Quand il décida de se plier à la tradition de son lignage, les eff<strong>et</strong>s de la baraka se firent<br />

ressentir.<br />

Les trouble de l’identité semblent être tout aussi déterminants dans le parcours initiatique des<br />

affiliés Gnawa que dans celui de nos marabouts de Bir El Haffey. Au Maroc, ils sont<br />

synonymes de déboires liés à des questions de morale <strong>et</strong> de transgressions, qui ne sont<br />

toutefois pas très banales quand on observe de près ce qui se joue au sein des confréries de<br />

type Gnawa. On s’y perm<strong>et</strong> des conduites <strong>et</strong> des attitudes qui sont loin d’être admises dans les<br />

autres secteurs de la société marocaine. Bertrand Hell parlera d’exutoire. Mais ce type de<br />

rituel semble être assez extrême <strong>et</strong> ne peut être une vraie représentation des conduites<br />

préconisées dans les rituels maraboutiques, qu’il s’agisse des autres courants de la société<br />

marocaine ou même tout simplement des figures du maraboutisme tunisien que nous avons<br />

été amenées à rencontrer. Cependant, il semble également que, dans l’imaginaire tunisien, les<br />

formes de transgressions extrêmes du maraboutisme peuvent être synonymes, parallèlement,<br />

d’une très grande maîtrise de la surnature, <strong>et</strong> plus généralement de la baraka. Car il ne fait pas<br />

de doute que si les attitudes de certains rituels marocains étaient permises à Bir El Haffey,<br />

beaucoup de personnes s’y adonneraient 2 . Mais, peut-être que, pour cela, il faut être assez<br />

1 Ibid., p. 230.<br />

2 Pour relativiser c<strong>et</strong>te idée, nous pouvons néanmoins reproduire les propos de Belgacem au suj<strong>et</strong> d’une<br />

cérémonie à laquelle il assista, il y a plusieurs années de cela. Cependant, le fait que c<strong>et</strong>te cérémonie ait été<br />

spectaculaire aux yeux de Belgacem est sûrement dû à la nationalité des officiants :<br />

« Alors moi j’ai assisté à une hadra, en plein jour, à Moularess. Il y a trente ans. C’était le jour du Mouled. Un<br />

groupe de marocains, les ben Issa, offraient des biens annuellement à leur grand-père qui est un saint appelé Sidi<br />

Saïd. Ce jour-même, ils se placent de bon matin dans une grande surface vide au souk. Ils étalent des tapis sur<br />

lesquels ils m<strong>et</strong>tent les offrandes, bonbons, sucres, raisins secs, vêtements, foies grillés <strong>et</strong> des béliers vivants.<br />

Celui qui donne une offrande, on lui offre un morceau de foie. Le shaikh donne le signal pour commencer la fête.<br />

Un groupe de gens frappe les tambours, d’autres soufflent dans des cornemuses dont le rythme musical est le<br />

même que celui des tambours. Quelques-uns brûlent de l’encens dans des kānūn. Sous l’eff<strong>et</strong> de la musique,<br />

quelques adultes se m<strong>et</strong>tent torses nus <strong>et</strong> commencent à danser. Puis le rythme s’accélère, devient enivrant. Ces<br />

derniers prennent des haches, des couteaux, des épées <strong>et</strong>, à chaque rythme musical, chacun se punit lui-même en<br />

se frappant la tête rase qui se partage en deux <strong>et</strong> commencent à saigner. D’autres enfoncent les couteaux <strong>et</strong> les<br />

épées dans le ventre à coups de marteaux jusqu’à ce que l’arme sorte par le dos, sans voir couler aucune goutte<br />

de sang. Le sang ne coule que chez ceux qui se frappent la tête. Ces gens-là poursuivent la danse jusqu’à<br />

l’évanouissement. On emporte la personne évanouie <strong>et</strong> dont la tête saigne au shaikh. Un vieillard à la barbe<br />

longue, au corps maigre, aux yeux perçants, ayant un turban blanc sur la tête <strong>et</strong> enveloppé dans un gandūra, les<br />

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