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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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de c<strong>et</strong>te famille est Sidi Ark<strong>et</strong>, un marabout situé également dans le Jérid 1 . Selon Mohamed,<br />

toute sa famille pratique (Mohamed dira écrire, pratique <strong>et</strong> écriture étant pratiquement<br />

toujours synonymes) <strong>et</strong> se transm<strong>et</strong> les techniques ou savoirs-faire de manière héréditaire.<br />

Avec Mohamed, nous n’avons remonté qu’à trois générations. Son grand-père paternel,<br />

Sadok, était considéré comme doué mais notre informateur ne pourra rien dire sur lui. Le don<br />

qui aurait été transmis à son père revêtirait la forme de la baraka, étant donné que ces deux<br />

hommes sont considérés comme des mabrūk. La seule chose que nous dira Mohamed sur son<br />

père, <strong>et</strong> qui rassurera ceux qui doutent encore de la puissance symbolique de l’œil sur notre<br />

terrain, est la choses suivante :<br />

Moh _ Mon père était un grand mabrūk. Il avait deux pupilles dans chaque œil ! mais je ne<br />

connais pas grand-chose de sa pratique car, à chaque fois que des clients venaient, il refermait<br />

la porte derrière eux.<br />

Son père était fortement doté d’œil ou clairvoyant alors qu’il semble en être dépourvu,<br />

comme s’il était déshérité. Un premier élément généalogique doit, à ce moment, r<strong>et</strong>enir notre<br />

attention. Il existe une grande différence avec les informations récoltées auprès de Rabah :<br />

Mohamed dit ne pas avoir hérité directement de son père, à la différence de Rabah, qui,<br />

rappelons-le, était obligé )j’insiste très fortement sur le terme d’obligation( d’assister son père<br />

durant toute son adolescence 2 . Mohamed aurait été volontairement dépossédé par le père. Il<br />

choisit de pratiquer le domaine parce qu’il savait qu’il serait pauvre <strong>et</strong> que, grâce à c<strong>et</strong>te<br />

pratique, il pourrait subvenir à ses besoins 3 . Pour apprendre, il dira avoir observé les membres<br />

de sa famille <strong>et</strong> ces derniers ne sont pas représentés par la figure du père d’après les<br />

informations généalogiques que nous avons obtenues à la toute fin de notre terrain. L’œil<br />

pourrait alors s’acquérir par le travail. C’est ce que nous avons observé lors de la partie<br />

<strong>et</strong>hnographique de c<strong>et</strong>te étude. A force de manipulations l’apprenti en arrive à acquérir<br />

certaines qualités.<br />

1 Mais Mohamed se rattachera également à un homme venu islamiser le Maghreb, Sidi Bouali. Nous avons eu<br />

l’occasion de parler des visites que nous avons faites dans son sanctuaire <strong>et</strong> de voir combien c<strong>et</strong>te figure du<br />

maraboutisme a pu influencer la famille du concurrent de Mohamed, la famille des awlād Tlill de Rabah.<br />

2 Le fils aurait hérité de la clairvoyance du père )l’œil( en le côtoyant, alors que le père de Mohamed refermait la<br />

porte derrière lui <strong>et</strong> ne laissait pas ses enfants assister à sa pratique.<br />

3 Alors que Rabah, pour subvenir à ses besoins, ne compte pas sur le maraboutisme <strong>et</strong> aurait préféré être<br />

fonctionnaire plutôt que praticien.<br />

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