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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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enseigner une tradition à des populations d’autres régions. Quand ils sont arrivés dans le pays<br />

de Bir El Haffey, les Akrimi ! les ont violemment chassés <strong>et</strong> repoussés à trente kilomètres de<br />

là, dans une terre beaucoup plus aride que celle de Bir El Haffey. Alors que les Tlill voulaient<br />

leur enseigner l’existence d’un autre type de puissance.<br />

Et, pour en revenir à notre question initiale, « pourquoi une initiation n’est-elle pas banale ? »,<br />

elle ne l’est pas parce que l’individu postulant à une initiation échappera en partie – lorsqu’il<br />

ne fait pas partie d’une famille maraboutique – à sa famille d’origine. Le pouvoir qu’ils auront<br />

sur lui sera concurrencé par celui d’autres familles, faisant ainsi toujours planer le spectre de<br />

la crise de transmission. Mais, après avoir subi l’initiation, celui-ci pourra également<br />

s’affranchir du pouvoir de son maître-initiateur, <strong>et</strong> pourra trouver des espaces de liberté qui<br />

seront beaucoup plus considérables que ceux qui étaient initialement prévus par sa famille<br />

proche.<br />

2. Les bohémiens (sāyah)<br />

Si la littérature <strong>et</strong>hnographique a relevé l’existence du mauvais œil dans de nombreuses<br />

contrées méditerranéennes <strong>et</strong> même au-delà, très peu sont ceux à avoir n<strong>et</strong>tement distingué la<br />

place qu’il occupe dans le système de transmission du don. Certes, il sera toujours qualifié<br />

d’antithèse de la baraka mais, il semble très clair qu’il est n<strong>et</strong>tement plus facile de parler de<br />

c<strong>et</strong>te antithèse que de la baraka elle-même.<br />

Nous rappelons que nous nous sommes efforcés d’identifier tout ce qui se jouait autour de<br />

c<strong>et</strong>te notion dans la partie <strong>et</strong>hnographique de c<strong>et</strong>te étude, mais, nous nous sommes vite<br />

aperçus que la nature même de la baraka, <strong>et</strong> plus largement celle du don, demeurait floue <strong>et</strong><br />

presque impénétrable. C’est en cherchant, à partir de la notion d’œil, à cerner les mécanismes<br />

de l’initiation que nous en avons appris le plus. Nous nous sommes très vite aperçus qu’il était<br />

beaucoup plus aisé de parler d’œil que de baraka )il en fut de même pour nos informateurs :<br />

nous avons vu combien leur propos étaient prolifiques lorsqu’il s’agissait d’évoquer c<strong>et</strong>te<br />

première notion alors que quand nous les avons questionnés sur la baraka, la seule <strong>et</strong> unique<br />

réponse était : « la baraka est chez Dieu, Dieu la donne à qui Il veut ! ») tout comme il est<br />

plus facile de parler des djinn que des anges (rūhānī).<br />

Certes, il serait présomptueux de croire que ce schéma n’a pas été dressé par notre groupe de<br />

pairs. Bertrand Hell, qui s’est très fortement penché sur le phénomène du maraboutisme, lors<br />

de ses nombreux séjours auprès des Gnawa du Maroc, nous a fortement éclairé sur la nature<br />

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