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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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El Kader], <strong>et</strong> celui qui s’en abreuve aujourd’hui ouvre les yeux sur les secr<strong>et</strong>s divins. » 1 Ce<br />

sont ces mêmes secr<strong>et</strong>s qui semblaient cimenter dans un même battement de cœur les<br />

personnes que nous observions auprès du sanctuaire de Jédi Ali à Douwara, comme si ce<br />

qu’avait recherché notre ancêtre à la Sagia El Hamra, d’autres personnes plus ou moins<br />

douées venaient le rechercher dans c<strong>et</strong>te région du centre tunisien dans laquelle nous nous<br />

aventurions.<br />

Dans ces lieux, nous avons rencontré également une autre personne connue sous le<br />

nom d’Ali Baba na, Ali le père de tous. Celui-ci est le gardien du tombeau de Jédi Ali.<br />

Ali Baba na _ Je suis né à Douwara. Je suis marié. J’ai neuf enfants. Il y en a huit qui<br />

poursuivent leurs études. Un à l’université. Trois au secondaire <strong>et</strong> quatre au primaire. Moi je<br />

n’avais pas l’intention d’avoir c<strong>et</strong>te activité, de m’occuper des marabouts. Mais un jour, durant<br />

le festival de Jédi Ali, un homme de 90 ans a parlé à mon père <strong>et</strong> lui a dit : « <strong>et</strong> bien Baba na<br />

après une période tu vas mourir <strong>et</strong> qui va s’occuper des marabouts ? Mon père a répondu :<br />

c’est Ali qui va s’occuper des marabouts ». C<strong>et</strong> homme est venu, m’a tapé sur les épaules en<br />

disant : « il le pourra ». Dès ce jour, même avant la mort de mon père, je me suis occupé des<br />

marabouts. J’accueille les visiteurs, je leur offre à boire <strong>et</strong> à manger pour aider mon père.<br />

Après la mort de mon père, c’est moi qui m’occupait des sept marabouts. Je suis la cinquième<br />

génération qui s’occupe des marabouts. De père en fils, nous héritons de ce travail. Sans<br />

salaire. Je ne vis que des dons de la famille, des amis. Et je vis. Je remercie Dieu car j’ai une<br />

famille qui est très patiente <strong>et</strong> très sobre. Personne ne demande plus que j’en aie. Je travaille<br />

sans contrepartie, je considère tous les hommes, même avec leurs défauts, comme mes fils. Je<br />

suis guérisseur avec le Coran malgré que je sois ignorant. Je ne sais ni lire, ni écrire, mais j’ai<br />

la baraka, c’est elle qui me donne la connaissance. Je dis les sourates pour guérir. Je demande<br />

à Dieu. Mon père n’avait pas le don mais mon grand père si. Il y a trois façons d’avoir la<br />

baraka. D’abord le choix de Dieu. Après, l’initiation soufie, ensuite, le travail <strong>et</strong> la conduite.<br />

Ethn _ Est-ce qu’en vous touchant, les hommes peuvent avoir la baraka ?<br />

Ali Baba na _ Pas tous les hommes. C’est la foi. Celui qui aime le bon Dieu est aimé par tout<br />

le monde. Celui qui est aimé par tout le monde est aimé par le bon Dieu aussi. Dans le Coran,<br />

il est raconté que l’homme subit des peines <strong>et</strong> des souffrances afin de savoir qui est patient <strong>et</strong><br />

qui ne l’est pas. Moi, j’ai été soumis à de nombreuses peines. D’abord la fatigue corporelle<br />

puisque je m’occupe des sept marabouts. Avant, dans les festivals des marabouts, ne venaient<br />

que des gens bons. Ils venaient se recueillir <strong>et</strong> prier. Maintenant il n’y a que des truands <strong>et</strong> des<br />

1 Ibid. p. 136-137.<br />

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