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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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de nos informateurs : Rabah distinguait deux types d’état. Pour lui, la possession qui n’avait<br />

pas de finalité pratique (guérir ou répondre à un possible signe d’élection( était une pure folie.<br />

Les formes de c<strong>et</strong>te folie revêtaient les allures d’une transe. Nous utilisons le terme allure car<br />

elle n’était pas provoquée par une sensibilité incontrôlée. Elle était plutôt destinée à se<br />

divertir. Toutes les traditions étaient plus ou moins évincées au profit de l’acte corporel lui-<br />

même : une dégénération de la possession.<br />

Avec beaucoup de nostalgie, Bertrand Hell se demande si, au Maroc, l’avenir des rites<br />

gnawas relèvera également de la transe ou bien de la possession : « L’exorcisme s’impose de<br />

plus en plus au détriment d’une alliance construite patiemment avec les mluk car les officiants<br />

se trouvent confrontés à des puissances morbides inconnues. Dans leurs pratiques de voyance,<br />

ils s’orientent vers des fins purement utilitaires telles la p<strong>et</strong>ite magie ou la quête d’avantages<br />

matériels. En ce qui concerne les affiliés, l’aspiration vers le spirituel cède pour faire place à<br />

la recherche d’une baraka perçue comme une simple énergie roborative ; ou, plus préoccupant<br />

encore, la possession devient transe profane 1 . […] La possession s’avère très différente d’une<br />

transe qui ne serait que recherche hédoniste de sensations troublantes ou phénomène de<br />

dépersonnalisation plus ou moins contrôlée 2 . »<br />

3. Les limites de la sensibilité<br />

Mais Bertrand Hell écrit : « Dans son souci de classer, de dresser des typologies, rien ne distingue la science<br />

occidentale de la “pensée sauvage”. Elle semble toutefois cultiver c<strong>et</strong> art au plus haut point jusqu’à assimiler<br />

mise en catégorie <strong>et</strong> raison scientifique. L’<strong>et</strong>hnologie des phénomènes religieux n’échappe pas à c<strong>et</strong>te propension<br />

<strong>et</strong> les approches formalistes construites sur une description morphologique des rituels sont légion. » Au suj<strong>et</strong> de<br />

la distinction entre possession <strong>et</strong> transe, c<strong>et</strong> auteur argumente : « La typologie la plus classique établit une<br />

distinction n<strong>et</strong>te entre le chamanisme <strong>et</strong> la possession. L’argument mis en avant repose sur la forme apparente<br />

revêtue par la communication avec les esprits. » Or, après une discussion sur l’ouvrage fondateur de Gilbert<br />

Roug<strong>et</strong>, Bertrand Hell conclut : « Chacun aura compris combien les termes “transe”, “extase”, “possession”,<br />

“conscience modifiée” ne recouvrent pas des catégories précises, indiscutables <strong>et</strong> que chaque nouvelle définition<br />

porte en elle les germes de son obsolescence. Ici réside l’impasse formaliste. Elle consiste à empiler, sans<br />

véritable finalité méthodologique, des variations infinies. L’idée d’une fuite en avant peut même être avancée<br />

car, en définitive, rien ne prouve que le socle de ce jeu d’oppositions soit construit sur des bases solides. »<br />

Bertrand Hell (1999), Possession <strong>et</strong> chamanisme, les maîtres du désordre. Paris : Flammarion, p. 34-40.<br />

1 Bertrand Hell, Le tourbillon des génies, p. 360.<br />

2 Ibid., p. 362.<br />

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