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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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organe <strong>et</strong> ne sont pas d’ordre biologique ; elles ne concernent pas un problème d’alimentation<br />

comme les troubles sont si souvent expliqués dans les mondes arabes.<br />

Si le trouble agit comme nous l’avons vu à la manière d’un mécanisme équilibrant ou d’une<br />

élection, l’individu pourra se réaliser ou subir un enseignement. C’est notamment le cas de<br />

Rabah. Si le trouble évolue dans le mauvais sens, à savoir une possession aggravée ou la folie,<br />

l’individu sera alors considéré comme un déviant <strong>et</strong> n’aura pas de place dans le<br />

maraboutisme. Oui, les fous ne se sont pas des marabouts en puissance ou des marabouts<br />

ratés. Ils ont dépassé des limites qu’il ne fallait pas dépasser. Leur santé mentale ou leur<br />

condition sociale était irrémédiable. Et s’il n’y a pas du tout de trouble )ni d’héritage), comme<br />

pour Mohsen, l’accès au maraboutisme ne se fait pas, puisque aucune qualité ne sera acquise.<br />

Et, souvent, pour une personne dépourvue d’héritage, c<strong>et</strong>te qualité, c’est la<br />

sensibilité/sensation. Or, il semble que al-’ihsās soit la faculté qui est développée quand il y a<br />

trouble de l’œil. Un sens serait touché symboliquement – à ce moment il n’y a plus de<br />

distinction entre le regard magique qui foudroie <strong>et</strong> le trouble de l’œil, nous dirons être frappé<br />

par l’œil, ne faisant pas de distinction entre les causes <strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s, entre l’œil de la victime <strong>et</strong><br />

l’œil de l’agresseur, les conséquences étant les mêmes <strong>et</strong> la source de l’attaque étant la grâce<br />

ou le don de l’agressé – il faudrait donc un autre sens pour pallier aux carences du premier : la<br />

faculté de deviner ou le fait d’être clairvoyant. L’attaque de l’œil de l’agresseur rendrait donc<br />

plus claire la vision de la victime. Mais la souffrance est le revers de c<strong>et</strong>te médaille.<br />

Comment expliquer que les thérapeutes les plus fragiles, particulièrement donc les<br />

femmes, auront à subir le trouble de l’œil pratiquement toute leur vie ? Comme s’il s’agissait<br />

du pendant nécessaire de la baraka chez elle ? Comme s’il s’agissait de leur rappeler que c<strong>et</strong>te<br />

grâce qui leur est accordée est une faveur <strong>et</strong> qu’elles auront toujours à se rappeler leur<br />

condition première, c’est à dire d’où elles viennent <strong>et</strong> qui elles étaient. Chez les hommes, au<br />

contraire, l’œil fera partie du passé. Peut-être y a-t-il plusieurs types de marabouts <strong>et</strong> que le<br />

don s’accorde finalement au pluriel ? La baraka n’est peut-être pas totalement synonyme de<br />

don mais plutôt un revers, le bon côté du don. La baraka est alors la forme de réalisation <strong>et</strong><br />

d’évolution parfaite <strong>et</strong> optimale du don de l’individu.<br />

Une des choses qui aurait été très intéressante à réaliser <strong>et</strong> dont nous prenons conscience<br />

seulement maintenant, aurait été l’inventaire des personnes touchées par l’œil au sein de<br />

mêmes familles. C’est à dire des généalogies qui m<strong>et</strong>tent en avant <strong>et</strong> qui essaient de<br />

comprendre l’évolution du trouble de l’œil au sein de mêmes familles. Seulement, nous<br />

avouons que nous n’y avons pas songé ou si nous y avons songé, ce n’est qu’en partie<br />

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