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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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Sur un plan plus symbolique, même si Aicha dit avoir vécu une période de trouble, elle<br />

précisera plus tard, lors d’autres entrevues, que sa période de trouble fut tout de même brève 1 .<br />

Elle nous donnera même une règle. L’intensité du trouble dépend de l’héritage. Elle,<br />

personnellement, n’eut pas à traverser une forte période de trouble étant donné qu’elle avait<br />

hérité de baraka. Si l’on suit la logique de ses propos, <strong>et</strong> si nous partons du postulat que le<br />

guérisseur doit lui-même être tombé malade pour guérir les autres, nous pouvons imaginer<br />

que s’il y a une forte intensité du trouble, c’est que l’héritage est maigre. Mais, dans ce cas,<br />

quelqu’un qui a hérité très fortement ne tombera pas malade. C’est ce que nous laissait<br />

comprendre Rabah. La maladie peut être considérée comme une perte de temps. D’ailleurs<br />

des personnes – notamment notre traducteur – nous précisèrent que Rabah n’eut pas à<br />

traverser une forte période de trouble. Elle fut très brève. Comme un rêve. Contrairement à –<br />

nous l’avons vu – Jamila qui a été frappée pendant de nombreuses années. Frappée, que cela<br />

soit par l’œil ou par la surnature. Et ces coups étaient de très forte intensité.<br />

A ce suj<strong>et</strong>, plus particulièrement celui qui nous intéresse, l’œil, Fatma Zina nous précisa, tout<br />

comme nos informateurs masculins, qu’il ne ramène rien de bon. Face à notre ténacité, c’était<br />

une réponse qui revenait sans cesse : l’œil est une maladie qui ne ramène rien de bon.<br />

Pourquoi y voir du don alors ? Surtout que nous employons c<strong>et</strong>te notion comme un indicateur<br />

de la condition de nos individus. Nous observons que tous sont atteints par l’œil. Leur<br />

position semble donc loin d’être enviable. Nos informateurs nous parlent d’un trouble qui<br />

atteint le physique de l’individu. Nous, nous y voyons une condition dégradée chez des<br />

individus qui sont incapables de se réaliser momentanément, <strong>et</strong> qui, de ce fait, vont pâtir de<br />

c<strong>et</strong>te incapacité momentanément. Mais Rabah nous dira de n’accorder aucune importance à<br />

c<strong>et</strong>te hypothèse. Pour lui l’œil est insignifiant dans l’élection maraboutique. Il a tenu ces<br />

propos au moment où il a confirmé l’existence de la théorie de la maladie/élection, propos que<br />

nous avons présentés dans l’étape intitulée « Après le passage par la touche d’un djinn, le rūh-<br />

aniste » 2 . La touche de djinn était jugée selon lui beaucoup plus importante, parce que c’était<br />

1 Aicha nous précisa que si elle est tombée malade c’est parce que, dans c<strong>et</strong>te période, des esprits voulaient<br />

l’informer.<br />

2 Cf. partie II, chapitre IV, 3. Voici la manière dont Rabah réfuta c<strong>et</strong>te hypothèse :<br />

« Ethn _ J’ai une question à te poser, une précision. Revenir sur des propos qu’on a pu tenir. Est-ce que avoir<br />

l’œil, ça a du bon ?<br />

Bel _ Ca a ?<br />

Ethn _ Du bon. Il sera mal vu, envié par les gens ?<br />

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