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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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Les termes saints employés par Louis Massignon n’ont rien à voir avec les expressions<br />

du maraboutisme. La conception de Louis Massignon relève plutôt du soufisme originel,<br />

versant ésotérique de l’Islam : Gérard Chauvin dans son B.A.-Ba sur le soufisme précise pour<br />

les personnes qui veulent s’initier aux mondes islamiques que « La tradition islamique se<br />

présente sous deux aspects. L’un, d’ordre “religieux”, au sens commun du mot : c’est la<br />

Sharî’a, la grande “Route” du salut, ouverte à tout homme de bonne volonté, se soum<strong>et</strong>tant<br />

aux exigences minimales, pratiques <strong>et</strong> morales, de la Loi révélée. L’autre d’ordre<br />

“métaphysique” relève d’un principe intellectuel : c’est la Haqîqa, voie étroite de la “Vérité”<br />

<strong>et</strong> de sa réalisation en l’homme. C’est la distinction entre l’exotérisme, qui concerne l’aspect<br />

manifeste des choses, <strong>et</strong> l’ésotérisme, relatif au cœur, au principe divin de ces mêmes choses.<br />

Ce que l’on peut respectivement représenter par la circonférence <strong>et</strong> son centre. […] De fait, si<br />

l’observance de la Loi est un préalable que tout croyant doit respecter, la réalisation de la<br />

vérité – du moins, des “stations” spirituelles, ou “vertus” qui en témoignent – n’est possible<br />

que pour une élite, car son achèvement coïncide avec la perfection originelle de l’état<br />

humain. » 1 Comme pour le maraboutisme, faire partie d’une élite nécessite une appartenance<br />

généalogique. Le soufi est un initié parce qu’il est investit de baraka par un maître 2 . Tout<br />

comme l’ésotérisme soufi, la notion de don ou de baraka n’est pas une connaissance<br />

transmissible à tout le monde. Le don est une faculté possédée par l’individu, faculté qui a un<br />

caractère essentialisant. C<strong>et</strong>te particularité s’accompagne de connaissances. Car il faut ajuster<br />

son corps pour que le don soit poussé à son apogée. On peut le connaître, le nier <strong>et</strong> ne vouloir<br />

ne rien en faire. Mais il y a risque. Le don ne touche pas n’importe qui. Il nécessite quelque<br />

chose en r<strong>et</strong>our.<br />

La question du don, bien qu’elle relève en partie d’une connaissance intérieure, repose<br />

également sur ses manifestations externes. D’ailleurs, ce qui sépare le maraboutisme <strong>et</strong> le<br />

soufisme, c’est, qu’en pratique, <strong>et</strong> « contrairement à la conception soufi qui considère les<br />

charismes comme des manifestations secondaires d’une évolution spirituelle, tout semble<br />

s’articuler dans la pensée populaire autour des charismes <strong>et</strong> des phénomènes thaumaturgiques,<br />

considérées comme les fondements de la saint<strong>et</strong>é. » 3 Il est vrai que les personnes rencontrées<br />

1 Gérard Chauvin (2001), B.A.-BA Soufisme. Puiseaux : Pardès, p. 7.<br />

2 Jean Chevalier (1996), Le Soufisme. Paris : PUF, p. 92.<br />

3 Ahmed Rahal (2000), La communauté noire de Tunis : thérapie initiatique <strong>et</strong> rite de possession. Paris :<br />

L’Harmattan, p. 55.<br />

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