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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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virilité de Rabah aurait pu être mise en doute du fait de sa stérilité. Mais, pour ce dernier, c<strong>et</strong>te<br />

menace avait été finalement estompée par sa fonction dans la sphère maraboutique.<br />

A propos de c<strong>et</strong>te informatrice stérile, nous avons écrit : « Mais son identité féminine se verra<br />

rééquilibrée par l’exercice d’une pratique qualifiée de féminine depuis de nombreux siècles.<br />

Songeons à l’œuvre de Marcel Mauss, plus précisément à son essai portant sur la magie, où il<br />

précise qu’ « étant donné que la femme est exclue de la plupart des cultes, qu’elle y est réduite<br />

à un rôle tout passif quand elle y est admise, les seules pratiques, qui sont laissées à son<br />

initiative, confinent à la magie. » 1 C<strong>et</strong>te idée a été reprise plus récemment par Pierre Bourdieu<br />

dans « le sens pratique », où celui-ci dresse un « schéma synoptique des oppositions<br />

pertinentes » 2 , schéma à travers lequel est mis en évidence une opposition entre qualités<br />

masculines <strong>et</strong> féminines, qualités intégrées depuis l’enfance par les hommes <strong>et</strong> les femmes :<br />

de ce schéma, du couple homme/femme, découlent les oppositions chaud/froid, droite/gauche,<br />

officiel/officieux, public/ordinaire <strong>et</strong> pour ce qui nous intéresse, religion/magie. » C<strong>et</strong>te<br />

dernière constatation s’avère cependant beaucoup plus perméable <strong>et</strong> beaucoup moins figée.<br />

4. De la souffrance initiatique à l’œil<br />

Aïssa Ouitis, dans son étude sur certaines expressions magico-religieuse en Algérie,<br />

observait que « Dans les Bibans, les femmes ne participaient à aucune manifestation<br />

religieuse publique. On ne voit pas comment elles auraient pu faire autrement dans la mesure<br />

où les mosquées n’étaient composées que d’une salle unique )au lieu de comprendre une<br />

double compartimentation comme on en trouve actuellement) <strong>et</strong> que la promiscuité des sexes<br />

était proscrite. C<strong>et</strong>te architecture revenait donc à interdire pratiquement l’accès des femmes<br />

aux mosquées. Le groupe féminin s’est alors rabattu dans sa pratique quotidienne, sur un<br />

ensemble de culte beaucoup plus “païen” qu’islamique : arbres réputés marabout, génies des<br />

lieux, <strong>et</strong> bien entendu sur le culte des saints : ainsi si les jours de fêtes religieuses sont, pour<br />

les hommes, autant d’occasion d’organiser des prières collectives, ils sont, pour les femmes,<br />

celles de faire la tournée des saints du village <strong>et</strong> des dechra voisines. Bien sûr, l’observation<br />

des règles de l’Islam n’est pas absente dans le culte féminin, mais elle n’intervient que bien<br />

1 Marcel Mauss (1999), Sociologie <strong>et</strong> Anthropologie. Paris : PUF, p..20.<br />

2 Pierre Bourdieu (1980), Le sens pratique. Paris : Les éditions de minuit, p. 354.<br />

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