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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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toil<strong>et</strong>teuse des morts. Elle avait également deux de ses sœurs qui étaient habilitées à guérir<br />

certains troubles digestifs comme les diarrhées <strong>et</strong> les constipations <strong>et</strong>c.. Ses sœurs s’étaient<br />

fait déléguer c<strong>et</strong>te qualité par un guérisseur qui, un jour, prit leurs paumes <strong>et</strong> les frotta.<br />

Ensuite elles purent pratiquer. Nous avons demandé à Fatma Zina si cela pouvait être<br />

considéré comme un don. Nous étions amenés à le penser mais néanmoins nous avons voulu<br />

obtenir des précisions. Elle nous répondit :<br />

Fatma Zina _ Non, c’est pas [un don]. C’est une technique héritée.<br />

L’héritage d’une tradition peut s’avérer être un fait beaucoup moins incarné qu’une<br />

généalogie de mabrūk. Or, une technique héritée est donnée. Cependant, nous avons déjà<br />

rappelé que, pour nos informateurs, le pouvoir est intrinsèque à la technique 1 . C’est<br />

1 Sur le terrain, nous ne nous départirons jamais des premiers constats effectués lors de la présentation de<br />

Mohamed le charlatan <strong>et</strong> mis en évidence par Richard Lioger, à savoir l’ambiguïté que nous ressentons chez nos<br />

informateurs lorsque nous leur parlons de don. Nombreux sont ceux à répondre à c<strong>et</strong>te notion trop abstraite par<br />

les concepts de techniques ou ceux de sagacité, traduits sur notre terrain par le terme de science : al-hikma.<br />

D’ailleurs, sur ces flottements de concepts, nous pouvons préciser que le père de Fatma Zina a été décrit comme<br />

doué alors que, de la même manière que ses filles, il aurait seulement hérité d’une technique d’un saint de Gafsa,<br />

saint prénommé Sidi Abdelsalam. Nous ne connaissons pas la manière dont c<strong>et</strong>te technique fut transmise ; est-ce<br />

que le geste de l’imposition peut avoir une valeur scientifique que nous n’avons pas assez prise en compte ? Ou<br />

est-ce seulement la distinction qu’opère Fatma Zina entre les identités des deux donateurs qui est à prendre en<br />

considération ? Le donateur des sœurs est décrit comme guérisseur, celui du père comme un saint. N’oublions<br />

pas que notre méthode nous a aidé à combler le fossé <strong>et</strong> le parcours qui doit mener de la première identité vers la<br />

seconde.<br />

De même, Fatma Zina évoquera également l’existence d’un oncle qui était taleb « seulement ! » C’est à dire à<br />

m<strong>et</strong>tre à un rang inférieur du guérisseur )<strong>et</strong> donc encore plus des saints( puisque ses techniques n’étaient que le<br />

fruit d’un apprentissage scolaire dans des madrasas <strong>et</strong> ne donnaient donc aucune importance à l’expérience<br />

individuelle du don <strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong>traient également aucune initiative <strong>et</strong> innovation. Car, il existe également des<br />

experts dans la recherche de techniques maraboutiques <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te recherche ne peut qu’être le fruit, d’après nos<br />

informateurs, d’une grande proximité avec la baraka. A ce suj<strong>et</strong> Mohsen nous disait :<br />

« Mohsen _ Depuis cinquante ans, le domaine de la sagacité ne se développe plus. Il n’y a plus de grands<br />

chercheurs. Des chercheurs qui sont capables de s’isoler dans une maison pendant plusieurs jours. Des fois<br />

cinquante, des fois cent jours. Cela dépend de l’importance de la sagacité. Pendant c<strong>et</strong>te période, il doit être<br />

propre physiquement. Intérieurement <strong>et</strong> extérieurement. Il ne se nourrit que d’huile d’olive <strong>et</strong> d’un pain spécial.<br />

Il ne fume pas. C’est la seule condition pour que le rūh descende. Le supérieur. Maintenant, nous sommes des<br />

pauvres musulmans, obsédés par l’argent. Avant, ils se nourrissaient <strong>et</strong> ne pensaient pas au lendemain. Donc ils<br />

pouvaient se concentrer sur le domaine de la sagacité. Moi je ne comprends que dix pour cent. Des fois, il y a des<br />

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