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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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entravera sa recherche, surtout lorsqu’on considère que nous sommes en terre d’Islam <strong>et</strong> que<br />

les contacts entre hommes <strong>et</strong> femmes n’ayant pas de relations familiales étroites se heurtent<br />

souvent à de nombreux obstacles ? De même, n’est ce pas tout aussi étonnant que des femmes<br />

porteuses de baraka puissent être destinées à la place publique, car obj<strong>et</strong> de convoitises, alors<br />

qu’elles sont souvent assimilées au dedans 1 ?<br />

A l’époque de notre proj<strong>et</strong>, nous ne savions pas exactement comment se nommaient les<br />

femmes voyantes <strong>et</strong> guérisseuses tunisiennes. Nous avons utilisé alors le terme suwafat tiré de<br />

l’article de Saâdia Radi <strong>et</strong> intitulé « L’utilisation de l’Islam par le fqih <strong>et</strong> par la suwafa à<br />

Khénifra (Maroc) » 2 , article dont nous présentons quelques propos tenus par l’auteur dans la<br />

seconde partie de c<strong>et</strong>te étude 3 , article qui nous aida également énormément dans la rédaction<br />

de notre proj<strong>et</strong> de thèse. Car, en nous rendant en Tunisie, nous n’avons trouvé aucune<br />

littérature <strong>et</strong>hnologique portant sur la sphère maraboutique tunisienne.<br />

Ayant travaillé pendant deux années sur le phénomène particulier de la voyance, études qui<br />

nous ouvrirent une porte vers la notion plus large de don, nous avons pensé que notre thèse<br />

serait une nouvelle fois consacrée à ce phénomène. Mais nous avons fait erreur. De la<br />

voyance, nous n’en n’avons presque pas parlé avec nos interlocuteurs. Ils préféraient parler de<br />

djinn <strong>et</strong> donc occulter la dimension divinatoire de leurs pratiques. Que pouvons-nous conclure<br />

de ce fait ? Est-il plus correct de parler d’êtres cachés <strong>et</strong> désignés comme diaboliques que de<br />

voyance elle-même ? Etait-ce lié à l’environnement puritain de Bir El Haffey ? Il ne nous<br />

semble pas, après tous ces mois passés sur le terrain, que les locaux désignent ce type de<br />

femme par un terme particulier, hormis le terme de tagāza <strong>et</strong> étudié dans la partie précédente<br />

<strong>et</strong> qui peut avoir, nous l’avons vu, des connotations péjoratives : il peut désigner une femme<br />

facile 4 . La voyante alors serait-elle une femme si facile que cela ? Nous ne le pensons pas.<br />

D’autant plus qu’à Bir El Haffey, l’honneur d’un homme réside dans le vagin de sa femme,<br />

nous rapportait Belgacem 5 <strong>et</strong> que la femme est un diable en puissance selon beaucoup de nos<br />

informateurs 1 .<br />

1 Cf. Pierre Bourdieu (1980), Le sens pratique. Paris : Les éditions de minuit.<br />

2 Saâdia Radi)1994(, L’utilisation de l’Islam par le fqih <strong>et</strong> par la suwafa à Khénifra )Maroc(. Annuaire de<br />

l’Afrique du Nord, Tome 33, CNRS éditions, 189-199.<br />

3 Cf. partie II, chapitre II, 3.<br />

4 En questionnant notre traducteur Belgacem, nous avons appris qu’une femme voyante était également désignée<br />

par le terme de nazzāra. Mais nous rappelons que tout le long de notre terrain nous n’avons jamais été confrontés<br />

à c<strong>et</strong>te notion. Au suj<strong>et</strong> de la tagāza par contre, voir partie III, chapitre III, 2.<br />

5 A ce suj<strong>et</strong> voir expression complète partie I chapitre II, 3.<br />

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