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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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sortis vomir. Rabah nous dit qu’il voulait nous revoir le lendemain. Nous nous y sommes<br />

rendus. Lors de c<strong>et</strong>te soirée où nous avons discuté, nous nous sommes aperçus que nous<br />

intriguions c<strong>et</strong>te personne. Souvent, Rabah décidait de nous rendre visite, à l’improviste. Il<br />

nous donnait des conseils, nous disait quel comportement adopter avec certains membres de<br />

notre famille, ceux avec qui nous devions nous rapprocher, ceux que nous devions éviter. Il<br />

disait qu’il nous considérait comme son frère. Nous étions très agacés <strong>et</strong> nous avons décidé de<br />

ne plus travailler avec lui.<br />

Mais, au fur <strong>et</strong> à mesure que le temps s’écoulait, nous nous sommes rendus compte<br />

que nous avions des difficultés à cerner les nuances entre les notions de don <strong>et</strong> de baraka.<br />

Nous n’avions rencontré que des personnes qui avaient répondu « oui » à nos questions sans<br />

rien nous apprendre de nouveau. Nous nous sommes souvenus de notre rencontre avec Rabah.<br />

Pourquoi avait-il tant d’attention envers nous ? Il était le seul à nous dire de ne pas écouter les<br />

gens qui se vantent d’avoir la baraka. Les informateurs que nous avons cités, Jamila <strong>et</strong> Ali<br />

Baba na, nous ont dit dès notre première rencontre, dès leurs premières paroles, qu’elles<br />

avaient la baraka. Puis, si Rabah nous heurtait tant, c’est qu’il savait. De plus nous n’avons<br />

pas compris les paroles de certains membres de notre famille, notamment celles de notre<br />

oncle, qui nous disait que nous mêmes nous n’étions pas étrangers au domaine. Il nous<br />

qualifia de charlatan. Il nous dit également que nous devions consulter Rabah régulièrement.<br />

Lui seul avait les réponses à nos questions, c’était notre docteur.<br />

Nous nous sommes rapprochés de c<strong>et</strong> homme, toujours très hospitalier. Peut-être notre<br />

ascendance jouait-elle un rôle ? Nous descendions d’un homme doué : Jédi Ali. Jédi Ali était<br />

lui même un descendant d’Ali ben Abi taleb, le gendre <strong>et</strong> neveu du prophète. Même s’il est<br />

vrai que son ascendant, Othman ben Affen, entr<strong>et</strong>enait une relation très tendue avec Ali ben<br />

Abi Taleb. Mais, selon Rabah, les descendants des deux lignées adoucirent leurs rapports.<br />

Rabah évoqua même le fait que la mère de Jédi Ali aurait épousé son grand ancêtre. Ce qui<br />

paraît peu concevable.<br />

Lorsque nous avons questionné Rabah sur la baraka, il ne répondit pas directement. Il<br />

préférait parler de pratique. Comme beaucoup de conceptions théologiques, la baraka ne veut<br />

pas dire grand chose pour l’anthropologue <strong>et</strong> même pour l’informateur. Dans le sens commun<br />

des populations occidentales, elle en est venue à désigner la chance. Il existe même des jeux<br />

de hasard appelés baraka. Mais Rabah nous dit qu’il n’a rien. Il n’a rien, sauf peut-être ses<br />

muscles qui lui perm<strong>et</strong>tent de bâtir des maisons. Ce n’est pas la baraka qui lui perm<strong>et</strong> de<br />

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