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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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combien le fait de maîtriser la surnature peut être vecteur d’éloignement vis à vis d’une<br />

certaine pesanteur. Cependant, quand ces femmes rompent les chaînes qui les lient à leurs<br />

familles, elles vont s’attacher de nouveau à d’autres personnes, en d’autres lieux. Et, même<br />

dans le maraboutisme, c<strong>et</strong> attachement peut aller jusqu’à l’asservissement. Mais le<br />

maraboutisme tunisien n’est pas le maraboutisme d’autres terres d’Islam. Parallèlement, le cas<br />

de la tagāza serait une forme paroxystique de c<strong>et</strong>te émancipation. Car les familles de Bir El<br />

Haffey accordent un peu plus de liberté à une femme initiée mais c<strong>et</strong>te émancipation va<br />

toujours de paire avec certains sacrifices. Les deux partis trouvent des compromis.<br />

Dans son dernier ouvrage, Bertrand Hell consacra une partie intitulée « Les maîtres de<br />

la baraka » à la nature de la baraka. Pour illustrer ce travail, il évoqua sa connaissance d’un<br />

homme prénommé Ahmed, cordonnier de son état, affilié aux rites Gnawas. Lors de sa<br />

rencontre avec c<strong>et</strong> homme <strong>et</strong> après avoir vécu un moment d’exaltation, l’<strong>et</strong>hnologue reçut<br />

c<strong>et</strong>te belle parole d’origine soufie de la part de l’affilié : « Le cœur perçoit ce que l’œil ne<br />

peut voir » 1 qui pourra faire également écho à un des enseignements de Rabah : « Je ferme les<br />

yeux… alors je vois ». Bertrand Hell précise que c<strong>et</strong> homme est quotidiennement accompagné<br />

par des djinn « hiératiques <strong>et</strong> quelques peu effrayants » qui l’adjurent de suivre « un chemin<br />

droit » 2 .<br />

Ahmed côtoyait la baraka mais du, pour accéder à un tel statut, selon Bertrand Hell, traverser<br />

toute une série d’épreuves : il fut impliqué dans des p<strong>et</strong>its trafics, il dupait certains<br />

demandeurs de soins ou de prodiges, il fut licencié par son patron <strong>et</strong> eut des difficultés à<br />

subvenir aux besoins de sa famille. C<strong>et</strong>te disgrâce était accompagnée « par une mauvaise<br />

odeur qui flottait en permanence autour de lui, il aurait dû comprendre » 3 . Dès qu’il avait de<br />

l’argent, celui-ci s’évaporait immédiatement. Un jour où il se fit offrir un vêtement pour<br />

officier dans une hadra, « le brasero fut malencontreusement renversé sur le vêtement<br />

d’apparat, causant immédiatement des trous <strong>et</strong> de larges taches sur le tissu. Une fois de plus<br />

l’argent diabolique brûlait. “J’eus l’impression de me réveiller brutalement”, se souvint<br />

comment connaissaient-t-elles toutes les formules qu’elles récitaient en manipulant le chapel<strong>et</strong> ? Toutes lui<br />

répondirent qu’à l’âge de dix huit ans, quand elles deviennent mûres, chacune d’entre elles passe une nuit au<br />

marabout de Sidi Khlifa. Durant leur sommeil, elles reçoivent l’esprit )djinn). Grâce à c<strong>et</strong> esprit, elles sont<br />

totalement différentes <strong>et</strong> sont dotées d’une multitude de connaissances.<br />

1 Ibid., p. 226.<br />

2 Ibid., p. 226.<br />

3 Ibid., p. 229.<br />

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