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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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mesure d’assumer notre rôle. Aicha était présente. Nous avons frémis. Mais finalement nous<br />

l’avons prise pour Lalla Aicha Marakshiyya. Histoire de détendre l’atmosphère ! Rabah nous<br />

dit que c’était une grande sainte du Maroc, que Sidi Ali ben Aoun a vu la griffe de son pied<br />

pousser d’une façon à la fois terrifiante <strong>et</strong> miraculeuse. A la fin de c<strong>et</strong>te soirée, nous nous<br />

sommes sentis inutiles. Mais c<strong>et</strong>te inutilité était le passage obligé. Nous sollicitions Rabah, il<br />

acceptait, enfin, de nous répondre :<br />

Rabah _ Tu sais pourquoi je pose ces questions ? C’est parce que tu m’as demandé : « qu’est-<br />

ce qu’un djinn ? » C<strong>et</strong>te question est très importante. Mohsen il doit la poser. Avant je pouvais<br />

te parler, je pouvais esquiver les questions, répondre en général. Mais avec c<strong>et</strong>te question,<br />

c’est impossible. Je vais t’y répondre. Les djinn font peur mais ce sont un lien entre Dieu <strong>et</strong><br />

moi.<br />

Continue à te frotter à d’autres personnes. Je n’ai pas toutes les solutions. Mais tu dois aussi<br />

comprendre des choses pour toi. Avant d’être un docteur pour les autres, il faut être un docteur<br />

pour soi. Nous disons que le tambourinaire, avant de jouer pour les autres, il doit commencer<br />

chez lui, avec son père, sa famille. Après c’est un tambourinaire.<br />

2. Le tambourinaire<br />

L’intervention d’Aicha Qondicha, <strong>et</strong> la menace qu’elle fait peser sur les généalogies,<br />

peut nous perm<strong>et</strong>tre de démontrer que dans un sens, toutes ces figures de djinn, qu’elles soient<br />

féminines ou masculines )les ancêtres(, n’ont d’autre obj<strong>et</strong> que de perm<strong>et</strong>tre à la communauté,<br />

par le biais du marabout, de pénétrer dans le territoire de la personne menaçante qui risque de<br />

porter le danger sur son groupe 1 . Comme si le mal – la transgression – n’était autre qu’un<br />

virus qui pourrait contaminer l’ensemble des coreligionnaires de la personne déviante <strong>et</strong><br />

stigmatisée. En ce sens, notre analyse ne dévie pas de celle des auteurs qui perçoivent la<br />

baraka comme un fluide qui peut imprégner tous ceux qui « s’imbibent » de la personne élue.<br />

Mais, c<strong>et</strong>te personne élue, avant de subir le schéma de l’initiation, pouvait également les<br />

imprégner, mais d’une toute autre manière : elle pouvait les contaminer. La baraka était au<br />

stade de mauvais obj<strong>et</strong>. Il fallait la dompter.<br />

1 Pour Virginie Vinel « Toucher une personne est […] une intrusion dans son territoire. » Virginie Vinel, in<br />

Col<strong>et</strong>te Méchin, Isabelle Bianquis <strong>et</strong> David Le Br<strong>et</strong>on (1998), Anthropologie du sensoriel, Les sens dans tous les<br />

sens. Paris : L’Harmattan, p. 77.<br />

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