26.06.2013 Views

Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

l’on évoque la question de la prostitution, autant dire la pire des conduites <strong>et</strong> le plus grand<br />

cataclysme qui pourrait arriver à une fille d’une bonne famille de Bir El Haffey.<br />

Dans une étude portant sur les femmes marginales en terre d’islam )il n’est pas anodin<br />

qu’une partie de c<strong>et</strong>te étude fut consacrée au phénomène de la prostitution puis une autre au<br />

phénomène des femmes pratiquant le maraboutisme, ces deux groupes de femmes<br />

apparemment distinctes ont néanmoins la particularité de s’être immiscées dans des espaces<br />

qui leur étaient interdits), Dalenda <strong>et</strong> Abdelhamid Largueche écrivent : « Emile Dermenghem<br />

nous a minutieusement décrit les formes de prostitution des femmes Neilia <strong>et</strong> des ‘Azriat<br />

d’Algérie comme fait de culture <strong>et</strong> non de crise 1 . Il s’agissait de formes de prostitution <strong>et</strong> de<br />

pratiques assumées <strong>et</strong> intégrées dans les valeurs de la tribu qui perm<strong>et</strong>tait à ses filles de se<br />

prostituer un certain nombre d’années en errant à travers les cités d’Algérie <strong>et</strong> du Maghreb,<br />

pour réintégrer ensuite leurs villages <strong>et</strong> se marier […] Nous savons par ailleurs qu’en Tunisie,<br />

pays plus homogène humainement que l’Algérie de telles singularités constituaient plutôt un<br />

fait rare. Mais certaines fractions de tribus du centre ou du nord-ouest étaient connues par<br />

certaines fonctions particulières <strong>et</strong> propres aux femmes qui parcouraient à la saison chaude les<br />

villes <strong>et</strong> villages pour “lire le destin” des hommes. C’étaient les célèbres deggaza )voyantes<br />

ou liseuses de destin(. La tradition orale <strong>et</strong> vécue, jusqu’à une date récente, présentait ces<br />

filles comme ayant un comportement sexuel assez libéral, ne voyant souvent pas<br />

d’inconvénient à charmer <strong>et</strong> à séduire le premier homme qui leur plaisait. » 2 Nous avons<br />

appris de notre traducteur, qui avait bien connu ces femmes, que leurs particularités <strong>et</strong><br />

l’origine de leurs pouvoirs provenaient des djinn 3 . Nous pouvons donc voir également<br />

1 Alors que dans la famille Akrimi, le maraboutisme est un fait de crise <strong>et</strong> non pas de culture. Plus généralement<br />

il apparaît que l’élection est toujours un fait de crise mais que c<strong>et</strong>te crise peut être plus ou moins atténuée selon<br />

le type de valeur qu’accordent des familles au maraboutisme alors qu’elles voient un de leur membre y basculer.<br />

Dans une famille telle que celle de Rabah, le terme de crise est tout relatif puisque la crise en elle-même a lieu<br />

juste au moment de l’élection, <strong>et</strong> est nécessaire au basculement de l’individu )« nul ne change de bon gré mais<br />

parce qu’il y est contraint »).<br />

2 Dalenda &Abdelhamid Largueche (1992), Marginales en terre d’Islam. Tunis : Cérès, p. 36.<br />

3 Selon Belgacem, les tagāza viennent de la région de Agareb, prés de Sfax. Elles sont nomades <strong>et</strong> circulent sur<br />

tout le territoire tunisien <strong>et</strong> ce, en fonction des saisons. L’hiver vers le sud <strong>et</strong> l’été, vers le centre <strong>et</strong> le nord. Ces<br />

femmes vivent de leurs voyances <strong>et</strong> ont souvent, d’après la légende, leurs maris à entr<strong>et</strong>enir. Leur métier<br />

s’acquiert de façon héréditaire. Ces femmes, bien qu’elles soient musulmanes, font peur <strong>et</strong> défraient souvent la<br />

chronique par leurs incivilités. D’ailleurs, ces femmes sont hors-la-loi car la république tunisienne tente de les<br />

sédentariser. Belgacem posa une question à maintes tagāza qui un jour étaient de passage à Bir El Haffey :<br />

266

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!