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vil<strong>la</strong>ges, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion s’accroissait, les parcelles se divisaient et suffisaient de moins enmoins à couvrir les besoins et à occuper les hommes. Le travail sur <strong>la</strong> côte était leur seuleissue, d’autant qu’on avait pris garde de condamner les autres : celle de l’accès à d’autresterres et celle du travail non agricole » (Antochiw et al., 1991 : 35). Spoliée d’une partie deleurs espaces agricoles, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion paysanne fut ainsi contrainte de se constituer en maind’œuvre saisonnière, mal alimentée et sous-payée, pour <strong>la</strong> production agricole d’exportation(cacao, indigo, café, canne à sucre, cardamone).Binôme minifundio/<strong>la</strong>tifundio et perte des terres de l’altip<strong>la</strong>noLa réforme libérale qui avait le projet d’instaurer un pouvoir <strong>la</strong>dino 96 , contribua à souder <strong>la</strong>complémentarité du binôme <strong>la</strong>tifundio/minifundio. De ces spoliations légalisées surgirent desacteurs, nouveaux et puissants : des propriétaires fonciers soutenus par les dispositionslégales. Car selon cette logique, les vastes étendues de terres de <strong>la</strong> costa et de <strong>la</strong> boca costa,p<strong>la</strong>nes et de hauts rendements, étaient accaparées par les riches propriétaires <strong>la</strong>dinos ouétrangers. Les terres de l’altip<strong>la</strong>no, encaissées et de bas rendement, étaient, quant à elles,réservées aux popu<strong>la</strong>tions indigènes, contraintes de devenir minifundistes (Guzmán-Böckler,1997 ; Grünberg, 2003 ; Melville et Melville, 1982). Dépouillées de leurs terres à <strong>la</strong> bocacosta, les communautés paysannes furent, dès lors, obligées de participer au développementde <strong>la</strong> culture du café. Le système foncier actuel repose encore sur <strong>la</strong> po<strong>la</strong>risation tendue entreles grands propriétaires armés de titres de propriété, ou de <strong>la</strong> faculté de s’attribuer les terresqui leur manquent, et les petits propriétaires terriens poursuivis par <strong>la</strong> crainte de l’usurpation.Si les migrations saisonnières obéissaient, depuis le dernier quart du 19 e siècle, à un modèlecoercitif, elles se rapprochèrent du libre marché du travail, tout en gardant des caractéristiqueshéritées du passé. Les migrations temporaires vers les grandes p<strong>la</strong>ntations se poursuivirentdonc au courant du 20 e siècle. La biographie de Rigoberta Menchú Tum (prix Nobel de <strong>la</strong>paix en 1992), rédigée par l’anthropologue et historienne Elisabeth Burgos (1983), re<strong>la</strong>te avecprécision et émotion les conditions précaires des travailleurs saisonniers dans les fincas de <strong>la</strong>côte pacifique. La plupart des aînés de San Martín ont également connu le travail dans lesfincas. Des personnes centenaires, comme Juana Gómez, y sont nées car, explique-t-elle,« mes défunts parents travail<strong>la</strong>ient plusieurs mois par an pour des riches dans une finca. Ilsavaient peu de terre ici à San Martín » (Juana Gómez, 11/04/2006). Juana se souvient duchemin qu’ils devaient parcourir à pied à travers <strong>la</strong> montagne pour rejoindre San Martíndepuis une finca de Retalhuleu. « Parfois, on marchait de nuit, parfois on se reposait et ondormait dans <strong>la</strong> montagne », raconte-t-elle en montrant fièrement <strong>la</strong> torche de gaz qui lesaidait à se frayer un chemin dans <strong>la</strong> montagne. « Mon papa portait parfois jusqu’à 50 livres 97de maïs depuis <strong>la</strong> finca jusqu’à San Martín, poursuit-elle. Les enfants portaient entre 15 à 20livres de café. Nous passions par un tout petit chemin dans <strong>la</strong> montagne pour arriver ici ».96 Le terme <strong>la</strong>dino(a) est dérivé de “<strong>la</strong>tino” utilisé pour se référer à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion métisse ou hispanisée. Les rênesdu pouvoir sont passées des mains des Espagnols à celles des <strong>la</strong>dinos après l’indépendance. Si, historiquement,cette catégorie ethnique était celle des descendants d’Espagnols, par extension, aujourd’hui, elle désigne toutepersonne guatémaltèque non associée à une culture et à une <strong>la</strong>ngue indigène ou créole.97 La livre est une unité de poids qui équivaut à 450 grammes.123

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