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Traditionnellement, le risque est défini en référence au risque « réel » déterminé de manièrescientifique et objective, et opposé au risque illusoire et irrationnel perçu par le public. Enrevanche, les anthropologues qui ont écrit dans ce champ ont tenté de mettre l’accent sur desapproches non liées à <strong>la</strong> probabilité, conceptualisant le risque dans son contexte socioculturel.Une contribution incontournable, car initiatrice dans le champ des représentations du risque,est celle de Mary Doug<strong>la</strong>s et Aaron Wildavsky dans Risk and Culture, An essay on theSelection of Technological and Environmental Dangers (1982). Patrick Peretti-Watelsouligne, dans son ouvrage pédagogique Sociologie du risque (2000), combien <strong>la</strong> théorieculturelle de Doug<strong>la</strong>s et Wildavsky donne sens aux surestimations du risque : « cette théories’inscrit dans une perspective compréhensive, qui vise à dépasser le simple constat del’irrationalité apparente des individus face aux risques » (Peretti-Watel, 2000 : 16). GarcíaAcosta (2005a) commente également que l’œuvre de Doug<strong>la</strong>s a été, jusque dans les années1990, considérée comme une référence incontournable en anthropologie du risque et commeune alternative aux interprétations de <strong>la</strong> sociologie étasunienne sur le thème associées austructuralo-fonctionnalisme.Doug<strong>la</strong>s et Wildavsky proposent une adaptation de <strong>la</strong> théorie culturelle au risque écologiquedans le contexte américain des années 1960. L’anthropologue et le politologue décrivent <strong>la</strong>représentation du risque comme un phénomène socioculturel, affecté par une organisation etdes valeurs sociales qui guident le comportement et affectent les jugements sur ce qui doit êtreconsidéré comme « dangereux ». Doug<strong>la</strong>s et Wildavsky font l’hypo<strong>thèse</strong> que différentescaractéristiques de <strong>la</strong> vie sociale, reliées au degré d’intégration et aux re<strong>la</strong>tions de pouvoir engroupe, donnent différentes réponses au danger. Ils démontrent que toute société définit,construit et sélectionne les risques en fonction de sa culture et de ses valeurs. Le risque dansles sociétés modernes et pré-modernes n’échappe pas à <strong>la</strong> règle. Il existerait donc une certainecohérence entre un groupe social et son système de valeurs qui focalise les individus surcertains risques ou, au contraire, les en détourne.Les auteurs ont ainsi é<strong>la</strong>boré quatre « pôles culturels » idéaltypiques auxquels correspondentun type de re<strong>la</strong>tions sociales, des valeurs, une conception du monde spécifique et des rapportsaux risques contrastés. Il ne sera pas ici question de discuter cette typologie qui, pour êtreféconde, doit être ajustée à chaque situation, précisent Doug<strong>la</strong>s et Wildavsky dans <strong>la</strong>conclusion de leur ouvrage. Sans être dynamisée, l’utilisation de <strong>la</strong> typologie risque de tomberdans les travers culturalistes, commentent les auteurs. Mon propos questionne plutôt leprésupposé que sous-tend leur typologie. En effet, <strong>la</strong> typologie de Doug<strong>la</strong>s et Wildavskyrepose sur le postu<strong>la</strong>t d’une nécessaire homogénéité des valeurs et des normes culturellespartagées par le groupe. Or, à San Martín, l’homogénéité des valeurs et des normesculturelles, mais aussi le type de re<strong>la</strong>tion que <strong>la</strong> communauté humaine entretient avec sonenvironnement physique et social, sont remis en question. Alors que Doug<strong>la</strong>s et Wildavskyfont appel à l’homogénéité d’un groupe et à l’homogénéité de ses systèmes de représentationdu risque pour construire leur cadre théorique, mon approche empirique invite à observerl’hétérogénéité des systèmes de représentations du risque au sein d’une même communautéd’individus qui connaît d’importants changements sociaux et culturels.313

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