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Télécharger la thèse doctorale - FGF

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ont été questionnés les systèmes économiques qui gouvernent les logiques de productionagricole.La notion de vulnérabilité permet aux chercheurs d’analyser comment des systèmes sociauxcréeent les conditions qui, à menace égale, augmentent les risques de catastrophe pour unepopu<strong>la</strong>tion particulière et non pour une autre. L’interprétation des concepts de vulnérabilité etde catastrophe invite à repenser <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre culture et nature dont l’opposition a joué unrôle clé dans l’anthropologie. Dans cette perspective, souligne Oliver-Smith (2002), lescatastrophes ne peuvent être définies exclusivement dans les termes des sciences de <strong>la</strong> natureou des sciences sociales. De façon plus productive, elles doivent être perçues comme uneillustration de <strong>la</strong> manière dont s’établissent l’interpénétration et <strong>la</strong> réciprocité entrel’environnement et <strong>la</strong> société (Oliver-Smith, 2002 : 42).Dans un article récent, l’archéologue Kenneth E. Sassaman et l’anthropologue AnthonyOliver-Smith (2011) défendent l’idée que l’expérience de changements environnementauxconséquents, comme les changements climatiques, peut amener un changement dans <strong>la</strong>perception de l’articu<strong>la</strong>tion entre nature et culture. L’hypo<strong>thèse</strong> est <strong>la</strong> suivante : lorsque deschangements environnementaux sont imprévisibles et insécurisent <strong>la</strong> vie humaine, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tiondes êtres humains avec <strong>la</strong> nature s’intensifie, devient plus intime. Au contraire, lorsque <strong>la</strong>situation environnementale est plus stable, plus prévisible, une séparation conceptuelle entrenature et culture commence à se développer, car <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion être humain/nature va davantagedans le sens d’une domination de <strong>la</strong> nature par l’être humain. Comme illustration de cettehypo<strong>thèse</strong>, Sassaman et Oliver-Smith se basent sur des données archéologiques préhistoriqueset des données socio-anthropologiques actuelles au sujet de l’élévation du niveau de <strong>la</strong> mer enFloride. L’expérience de l’augmentation du niveau de <strong>la</strong> mer par les Floridiens, amènerait àvoir <strong>la</strong> nature et <strong>la</strong> société sous le prisme d’une re<strong>la</strong>tion de réciprocité.Sans contester cette hypo<strong>thèse</strong> hautement documentée, il me semble toutefois important desouligner les limites du changement ontologique historique tel qu’il est décrit par Sassaman etOliver-Smith. Les auteurs observent une évolution dans <strong>la</strong> construction du lien nature/culturequi oscillerait entre dualisme et réciprocité. Cependant, dans leur analyse, le terme « culture »reste <strong>la</strong> prérogative des êtres humains, tandis que le terme « nature » est attribué à toute autreentité que les êtres humains, comme <strong>la</strong> mer. À <strong>la</strong> différence des entités non humaines, leshommes sont dotés d’une conscience réflexive et d’une subjectivité qui les mettent en liend’une façon ou d’une autre avec <strong>la</strong> « nature ». Propre à <strong>la</strong> logique naturaliste, ce raisonnementpropose une discontinuité des intériorités entre les êtres humains et les êtres non humains,mais reconnaît une continuité de leurs physicalités soumises aux lois universelles de <strong>la</strong>matière et de <strong>la</strong> vie. Les différences conceptuelles analysées par les auteurs en fonction desépoques se situent dans <strong>la</strong> perception ou non de l’interconnectivité entre les pôles nature etculture et dans l’appréhension ou non de l’histoire environnementale comme inséparable del’histoire humaine. Cette hypo<strong>thèse</strong> d’une réflexivité dans les termes socio-écologiques propreà <strong>la</strong> postmodernité, ne se défait pas de l’idée du Grand Partage entre nature et culture. Danscette perspective, il est estimé que les êtres humains peuvent avoir une maîtrise sur leurenvironnement naturel et, dès lors, mettre en p<strong>la</strong>ce des actions de réduction des risquesprovoqués par les changements climatiques par exemple.351

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