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Télécharger la thèse doctorale - FGF

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environ trois mètres à sauter depuis <strong>la</strong> pierre pour arriver de l’autre côté de <strong>la</strong> rive. Alors je mesuis demandé : « mes filles pourront-elles arriver de l’autre côté ? ». J’avais envie de me jeterà l’eau car je ne pouvais pas supporter l’idée de voir un de mes enfants mourir. Ma fille,l’aînée, tomba dans l’eau et s’enfonça. Mais je réussis à l’en sortir. Puis, mon neveu est venunous chercher pour nous amener au sec chez ma sœur. Plus d’une demi-heure après notredépart de <strong>la</strong> maison, mon père vint nous trouver. Quand je l’ai vu, je me suis mise à pleurer. Ilme dit : « ma fille, c’est douloureux mais je dois te dire que <strong>la</strong> rivière a emporté ta maison. »« Quoi ? » répondis-je. « Et maintenant, que vais-je faire ? Je n’ai plus de maison, je n’ai plusd’endroit où vivre avec mes enfants…». À l’instant, je n’ai plus su pleurer, plus une <strong>la</strong>rme,plus rien. Je ne savais plus pleurer : le commerce, les vêtements, les mate<strong>la</strong>s… Tout, j’avaistout perdu ! (Lo<strong>la</strong>, 17/04/2006)Certains tinecos, trop attachés à leurs biens, refusèrent d’évacuer leur maison pourtantmenacée par les glissements de terrain. Cesar confie ainsi avoir porté secours à <strong>la</strong> famille deson cousin qui ne vou<strong>la</strong>it pas quitter sa maison : « ils ne vou<strong>la</strong>ient pas sortir de <strong>la</strong> maison. Ilsnous disaient : “C’est notre maison, nous n’avons pas d’autres lieux où aller.” Nous avons dûsortir mon cousin par <strong>la</strong> force. Finalement seule une partie de <strong>la</strong> maison a été détruite ».Comme si elles vou<strong>la</strong>ient se faire pardonner d’avoir tout pris, les eaux apportèrent près deshabitations, outre <strong>la</strong> boue, les pierres, les branchages et les animaux morts, des récoltesdéracinées en provenance des champs. Brenda raconte que pour faire face au manqued’aliment, les personnes sortaient de chez elles pour tenter de ramasser des pommes de terre,du maïs ou des légumes qu’avaient emportés les eaux de pluie. « Peut-être que <strong>la</strong> rivière nousapporta tout ce<strong>la</strong> pour nous alimenter ? se demande Brenda, car <strong>la</strong> vérité, c’est que nousn’avions plus rien à nous mettre sous <strong>la</strong> dent. C’était triste car il nous manquait des vivrespour nous nourrir et nous n’avions plus d’eau potable ».De l’isolement à l’évacuation« Stan ne trouvait pas <strong>la</strong> sortie de San Martín », commente Marcos Vásquez Vásquez(20/07/2007). La localisation de <strong>la</strong> tempête dans le ciel tineco, et les conséquences qui s’ensuivirent, isolèrent les habitants : « En fait, nous étions enfermés. Nous n’avions pas de sortiepossible. Nous ne savions pas quoi faire. Nous ne pouvions pas sortir de chez nous car lesrivières étaient devenues trop grandes » (Brenda Minera Díaz, 18/04/2006).À l’effondrement de certains tronçons de <strong>la</strong> route principale, (seule issue pour sortir de <strong>la</strong>municipalité) s’ajoutèrent <strong>la</strong> coupure d’électricité et <strong>la</strong> rupture du réseau téléphonique dès lemardi. Les tinecos étaient totalement isolés de l’extérieur : « Le deuxième jour s’est levé sous<strong>la</strong> pluie. Il n’arrêtait pas de pleuvoir. L’électricité avait disparu. Dehors, de nombreusespersonnes marchaient vers un refuge. Dehors, tout était un désordre d’eau et de boue » (Cesar,12/03/2008). Les migrants aux États-Unis décrivent comment, privés de tout contact avec SanMartín, ils ont vécu ces journées dans l’angoisse de ne pas avoir de nouvelles de leursproches.Le réseau de téléphone portable a sauté. Or, nous autres, depuis les États-Unis, on téléphonaittous les jours pour voir comment <strong>la</strong> situation évoluait. Mais à partir de ce moment, ils ne80

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