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Alors que les phénomènes migratoires modifient les paysages religieux des pays d’« accueil »des migrants, les migrations provoquent également une transformation des pratiques et desinstitutions religieuses dans le pays natal quitté. Les Églises évangéliques répondent avec brioà <strong>la</strong> nécessité de créer de nouveaux liens de solidarité manifestée par les proches de migrants,et en particulier les femmes ou « veuves b<strong>la</strong>nches » 157 , contraintes de faire face au quotidien àl’absence et éventuellement l’attente espérée du retour de leur(s) proche(s). Les cultesévangéliques convient au minimum à deux cultes par semaine. Ils offrent un exutoireémotionnel intense et une entrée dans un réseau social plus petit et plus familier que celui del’Église catholique. Les Églises évangéliques répondent avec efficacité à <strong>la</strong> nécessité denouveaux liens sociaux afin de palier à l’isolement que provoquent ces départs en migration.Des auteurs comme Linda Green ont analysé combien les nouvelles Églises ont joué un rôlede soutien important dans un autre type de veuvage dans l’histoire du Guatema<strong>la</strong> (1993). Dansles communautés affectées par les pires atrocités de <strong>la</strong> violence politique des années 1980, cesÉglises ont offert une alternative religieuse au catholicisme orthodoxe pour les femmesveuves expérimentant un changement social rapide et radical. Ces Églises sont devenues desrefuges pour les survivants en souffrance et des espaces qui ont permis aux femmes derécupérer un contrôle sur leur vie.Il faut encore remonter aux années 1980 pour comprendre l’expansion significative desÉglises évangéliques à San Martín. Contrairement à <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong> municipalité voisine,Concepción Chiquirichapa, les mouvements révolutionnaires, opposés à l’armée au cours des36 années de guerre civile, n’ont pas suscité un enrôlement particulier à San Martín 158 .Toutefois, <strong>la</strong> municipalité a été le théâtre d’affrontements armés entre <strong>la</strong> guéril<strong>la</strong> et l’armée.Selon le prêtre paroissial Ángel Vincente Díaz, membre actif de <strong>la</strong> guéril<strong>la</strong> dans les années1980, les montagnes de San Martín et leurs forêts humides ont abrité le campement de based’un groupe révolutionnaire de l’ORPA, Organización Revolucionaria del Pueblo enArmas 159 .Cette présence des forces insurgées à proximité de <strong>la</strong> municipalité a eu pour conséquencel’instal<strong>la</strong>tion quasi permanente de militaires dans le centre urbain à des fins de contrôle et157 Ce terme etic est utilisé pour qualifier de façon générique <strong>la</strong> situation des femmes séparées physiquement deleur mari expatrié. La re<strong>la</strong>tion de couple s’apparente dans de nombreux cas à des situations de veuvage pour <strong>la</strong>femme : l’homme est parti depuis de nombreuses années et n’envoie pas ou plus de nouvelles ni d’aidefinancière. Loin du contrôle social de <strong>la</strong> communauté, les hommes ont le loisir de pouvoir s’adonner à denouvelles conquêtes amoureuses tandis que les femmes, qui vivent traditionnellement dans leur belle-famille,sont tenues de respecter <strong>la</strong> fidélité conjugale.158 Les habitants de Concepción Chiquirichapa, majoritairement mams comme à San Martín, se sont intensémentimpliqués dans les mouvements révolutionnaires armés. Les re<strong>la</strong>tions que <strong>la</strong> municipalité entretient aujourd’huiavec Cuba témoignent de cet engagement. Les habitants de Concepción ont par exemple un libre accès auterritoire cubain.159 Outre <strong>la</strong> mobilisation des popu<strong>la</strong>tions indigènes réalisée par l’ORPA dès sa création en 1979, divers groupesrévolutionnaires ont été créés dans le pays. On y retrouve l’EGP, Ejercito Guerrillero de los Pobres, quicommença à organiser les popu<strong>la</strong>tions indigènes dans l’arrière-pays quelques mois après le tremblement de terrede 1976, ainsi que d’autres types d’organisations popu<strong>la</strong>ires qui ne s’associent pas à l’opposition armée commele CUC, Comité de Unidad Campesino, des syndicats et l’association activiste des étudiants de l’Université de <strong>la</strong>San Carlos. En 1982, les armées de résistance unissent leurs forces dans une confédération appelée l’URNG,Unidad Revolutionaria Nacional Guatemalteca.178

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