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popu<strong>la</strong>tions locales. Il est d’autant plus intéressant d’interroger le lien entre <strong>la</strong> spiritualitémaya et le credo protestant que l’imp<strong>la</strong>ntation des nouvelles Églises de confession noncatholique s’est historiquement ancrée sur un rejet des traditions. Comme il a été précisé dansle préambule de cette partie, mon analyse empirique porte sur <strong>la</strong> mouvance évangéliquepentecôtiste et non sur les Églises néopentecôtistes ou les Églises protestantes historiques 209 .Les évangéliques pentecôtistes diffèrent des protestants historiques et libéraux en ce qu'ilsattachent une importance déterminante à <strong>la</strong> nouvelle naissance, à <strong>la</strong> véritable conversion.Moment crucial dans <strong>la</strong> vie de ces protestants, <strong>la</strong> conversion est un marqueur de séparationentre <strong>la</strong> vie d’avant et <strong>la</strong> vie d’après. La littérature scientifique abonde d’ouvrages traitant duchangement de mode de vie des convertis : abandon de l’alcoolisme, problèmes économiquesdépassés, fidélité préservée dans le couple et envers <strong>la</strong> famille… La vision évangélique dusalut insiste davantage sur <strong>la</strong> rupture que sur <strong>la</strong> continuité dans l’existence personnelle etcommunautaire. Au Guatema<strong>la</strong>, « Le pentecôtisme s’est attaqué dès le départ avec vigueur àl’ensemble des croyances et pratiques popu<strong>la</strong>ires autochtones, toutes fort éloignées selon luide <strong>la</strong> “vérité” biblique et dans lesquelles il voit <strong>la</strong> marque du démon » (Pédron-Colombani,2000 : 192). Les indigènes pentecôtistes se présentent comme porteurs d’une modernité derupture avec les anciennes croyances, générant ainsi des transformations significatives sur lep<strong>la</strong>n culturel.Condamnée et réprimée auparavant par l’Église catholique, <strong>la</strong> liberté de culte est aujourd’huide mise. Les pratiques chamaniques se sont redéployées dans l’après guerre mais dans uncertain interdit normatif. La costumbre n’est ainsi plus prohibée, mais les habitantsdiagnostiquent toutefois sa disparition et les sentiments de honte et de peur que <strong>la</strong> pratique deces rites suscite. Les chamanes expliquent que <strong>la</strong> répression de <strong>la</strong> spiritualité maya,commencée avec <strong>la</strong> colonisation et l’imposition des dogmes catholiques, ne reprend que deplus belle avec l’arrivée des évangéliques. Pour Jean-Pierre Chaumeil, « Si les sectesévangéliques ou pentecôtistes ont soutenu <strong>la</strong> création d’Églises indigènes un peu partout enAmérique <strong>la</strong>tine, c’est au prix d’une lutte acharnée contre le chamanisme, attitude qui n’estpas sans évoquer celle des missionnaires catholiques du 16 e siècle » (2000 :156).La majorité des pentecôtistes rencontrés tiennent en effet des propos qui rejettent les traditionscoutumières mayas. Ils considèrent le chamanisme comme de <strong>la</strong> sorcellerie. Les termesutilisés par les convertis au protestantisme pour qualifier les chamanes se réfèrent à <strong>la</strong> magienoire. Les propos de <strong>la</strong> fidèle évangélique Reina illustrent cette appréhension négative duchamanisme : « Ce que je sais c’est que les prêtres mayas, ils vénèrent Satan, le Diable car ils209 Le terme “pentecôtiste” se réfère à des formes statiques du protestantisme définies en vertus des donsparticuliers conférés par l’Esprit Saint (Stoll, 1990). Les Églises néopentecôtistes, actives dans les années 1990 àGuatema<strong>la</strong> Ciudad, se sont inspirées d’une idéologie politique et religieuse excluant <strong>la</strong> diversité ethnique(Cantón-Delgado, 1998). Ces Églises se sont caractérisées par l’imaginaire d’un Guatema<strong>la</strong> sans indigènes. Àl’opposé de cette idéologie, l’Église historique presbytérienne (unique importante dénomination protestante auGuatema<strong>la</strong> qui ne soit pas fondamentaliste, prémillénariste ou pentecôtiste) se définit par le développementd’une politique d’inculturation de <strong>la</strong> théologie protestante à <strong>la</strong> culture maya. Les dirigeants intellectuels de cetteÉglise historique souhaitent revitaliser <strong>la</strong> culture indigène par <strong>la</strong> promotion de l’organisation des croyants locauxdans des communautés de foi semi-autonomes selon des traits culturels locaux (Scotchmer, 2003 ; Garrard-Burnett, 2003 ; Otzoy, 1997). Je développerai <strong>la</strong> perspective d’un « protestantisme mayanisé » comme ledéfendent ces auteurs à <strong>la</strong> fin de ce chapitre.243

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