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Le copal était l’encens par excellence. Sans sa présence, l’action rituelle ne pouvait pas êtreefficace. Sa fumée, assimilée aux nuages noirs porteurs de pluie, était l’équivalent de <strong>la</strong> vie,de <strong>la</strong> vie possible dans le ciel et sur <strong>la</strong> terre » (García Ruiz, 1981 : 94). Si, pour les Aztèqueset les Mayas préhispaniques, le copal était « l’offrande sacrée et sacralisante », cette résine estactuellement encore utilisée avec le même respect dans les re<strong>la</strong>tions avec les esprits et lesdivinités traditionnelles. Pour le chamane tineco Efraín, « le copal est comme une fleur quel'on offre aux dieux » (03/08/2008). Q’al b’ech est par ailleurs un synonyme d’ajkab’. Ilsignifie celui qui offre des fleurs et par exetnsion, du copal. Tout comme les fleurs, l’emploidu copal est à situer dans un ample contexte d’utilisation de substances odoriférantes.« Transformé en odeur et transporté sous forme de fumée, le copal, en raison desdéclenchements profonds qu’il provoque, interpénètre l’air de formes concrètes, significativeset identifiées par l’odeur » (García Ruiz, 1981 : 124). À cette symbolique de l’odeur, l’étudede <strong>la</strong> signification du copal et de ses usages quotidiens renvoie aux représentationssymboliques du feu et de l’air.Le feu, élément purificateur par excellence, rend possible <strong>la</strong> transformation substantielle,l’apparition du contenu caché inscrit dans <strong>la</strong> matière résineuse, libération qui oblige l’hommeà nourrir <strong>la</strong> divinité car le copal est <strong>la</strong> “ nourriture”. (…) L’air, “ lieu” de passage, detransmission ascendante, de communication verticale, est un réceptacle indéfini de l’arômelibéré par le feu. (…) L’air doit également être purifié, libéré avant d’entreprendre touteaction, qu’elle soit thérapeutique, propitiatoire ou d’interaction. Puis, l’air est un moyen decommunication : il permet d’établir une re<strong>la</strong>tion verticale, un axe terre-ciel, et de conjoindreces deux mondes habituellement disjoints : celui des hommes et celui des dieux (García Ruiz,1981 : 123-124).Dans le contexte mésoaméricain, une des idées maîtresses du système de représentations estque l’homme doit alimenter ses divinités. Les divinités apprécient particulièrement le copalcomme aliment. Dans ses observations ethnographiques chez les Móchos du Chiapas, GarcíaRuiz constate que l’offrande du copal est un moyen de se libérer de ses fautes et de ses dettes.Le copal est l’élément fondamental – pas le seul – que l’homme offre à <strong>la</strong> divinité pour quecelle-ci le libère, lui donne vie, “le fasse vivre ” et j’oserais presque avancer que c’est lemoyen par excellence qui permet d’acheter le prolongement de <strong>la</strong> vie. L’idée de “pago”(paiement), qui consiste à payer au moyen d’offrandes pour se libérer des fautes et pour êtrepardonné, est une autre idée-maîtresse du système de représentations et du comportement duMochó ; c’est un moyen d’explication causale de ce qui est “ indéterminé”, du “ flou”événementiel qui entoure ce qui arrive et ce qui peut arriver. Le copal est l’un des éléments dece paiement-nourriture offert au sacré du plus profond de l’intimité du cœur du fidèle afind’être libéré-pardonné, car “en de nombreuses circonstances de l’existence il s’est renducoupable”, et afin de payer sa dette (García Ruiz, 1981 : 119).Le chamane mam Álvaro estime que « tout être humain doit faire des offrandes : <strong>la</strong> paie(paga), c’est l’offrande qu’il faut offrir à Dieu pour que, dans <strong>la</strong> vie, tout soit tranquille. Parceque quand il y a des problèmes, il est plus difficile à l’homme de pouvoir vivre. (…) Le copalest un des matériaux qui va donner du feu. C’est l’amende, l’offrande pour Dieu. C’estcomme l’encens, comme <strong>la</strong> ruda [p<strong>la</strong>nte médicinale]. C’est comme le choco<strong>la</strong>t, il fait partie238

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