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Mais plutôt que de m’arrêter longuement sur les bi<strong>la</strong>ns des destructions, leur traitementmédiatique ou encore les logiques d’aide humanitaire, j’ai davantage cherché à mettre enlumière ce que l’on ne voit pas du premier abord. J’ai ainsi dirigé mon enquêteethnographique sur <strong>la</strong> recherche des facteurs explicatifs à l’origine du désastre Stan dans <strong>la</strong>municipalité de San Martín. Pour Julien Langumier, <strong>la</strong> catastrophe « est ce au sujet de quoi onpeut parler, non pas seulement en en resituant le récit, mais aussi en spécu<strong>la</strong>nt sur les causes,voire les significations » (2006 : 121-122). Le deuxième chapitre, « La catastrophe comme unprocessus », interroge ces facteurs : <strong>la</strong> déforestation, l’utilisation intensive des terres,l’évolution du système foncier guatémaltèque historiquement construit sur des basesinégalitaires, <strong>la</strong> transformation des pratiques agricoles induites par les phénomènesmigratoires… La mise en re<strong>la</strong>tion de ces problématiques environnementales me fit remonteraux sources historiques des inégalités socio-économiques et des dégradationsenvironnementales actuelles.La perspective adoptée, qui s’attache à étudier <strong>la</strong> construction sociale et historique desprocessus qui façonnent les vulnérabilités aux menaces naturelles, a aujourd’hui pris une telleassise que son discours et sa démarche intellectuelle sont présentés comme re<strong>la</strong>tivementconsensuels. Mais l’imprégnation sur le terrain par le travail ethnographique a tôt fait dedémontrer que cette approche n’épuise pas toutes les explications locales du phénomènenaturel Stan et de son désastre. Pour paraphraser Girard et Langumier (2006 : 131), sil’enquêteur peut être « pris » par son terrain et se <strong>la</strong>ncer dans une investigation dont une desfinalités est de dégager une explication du drame, <strong>la</strong> nécessité d’interpréter <strong>la</strong> catastrophe estégalement le propre des sinistrés avides de donner du sens face à l’événement.Dans les deux chapitres suivants de <strong>la</strong> <strong>thèse</strong>, j’ai ainsi cherché à accéder aux représentationscausales spécifiquement locales de Stan et additionnelles aux représentations mécaniques.Celles-ci sont re<strong>la</strong>tées dans le chapitre 3: « Stan un événement attendu » et le chapitre 4« Transformation et actualisation des représentations coutumières ». L’imprégnation lente surle terrain et <strong>la</strong> familiarisation avec <strong>la</strong> culture mam de San Martín m’ont invitée à m’intéresseraux explications des phénomènes naturels qui recourent à des logiques sollicitant le domainedes invisibles. Les représentations observées localement ne sont toutefois pas univoques. Ellesinterrogent <strong>la</strong> transformation des systèmes symboliques, due, entre autres, à <strong>la</strong> rencontre desreprésentations coutumières avec les nouvelles religiosités. Si dans un premier temps, toutporte à distinguer les dogmes protestants évangéliques des représentations et rituels dits« mayas », le croisement de l’observation des pratiques avec l’analyse des discours amène àrejeter l’idée que les protestants ont adopté une logique radicalement nouvelle et exclusive dese mettre en lien avec les entités qui composent l’environnement non humain, telles que <strong>la</strong>pluie et les montagnes. Malgré les modifications des symboles et des pratiques religieuses, lestransformations culturelles dévoilent <strong>la</strong> persistance de systèmes de sens traditionnels.Le chapitre 5, « Transmission des savoirs coutumiers et “gestion des risques” : insécurisationet adaptation », questionne <strong>la</strong> confrontation entre les représentations coutumières, transmisestraditionnellement par les aînés, et les représentations du risque défendues par les institutionsspécialisées ou mandatées dans <strong>la</strong> gestion des risques. Si les premières sont discréditées, lessecondes sont encore difficilement accessibles dans <strong>la</strong> municipalité étudiée. Ces observations16

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