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selon deux principes différents, ou plutôt opèrent sur deux p<strong>la</strong>ns à <strong>la</strong> fois, qui se déclinentsous une multiplicité de formes de pensée géographiquement situées. La dualité interne àl’esprit, dont découle une tension entre les principes de contradiction et de participationnommés par Lévy-Bruhl, constitue l’énigme qui a ponctué son œuvre. Cette tension pose unproblème que Keck expose ainsi: « comment le principe de contradiction – qui exige qu’unechose ne soit pas une autre chose qu’elle-même pour que l’on puisse en parler rationnellement– peut-il coexister en tout esprit humain avec un autre principe, dit de “participation”, parlequel une chose peut être perçue comme une autre chose qu’elle-même ? » (Keck, 2008 : 8).Le problème consiste alors à comprendre comment les deux principes s’articulent dans <strong>la</strong>continuité d’une même expérience. Pour Keck, ce problème est insoluble dans une théorie de<strong>la</strong> connaissance qui suppose un modèle homogène de <strong>la</strong> pensée se réfléchissant dans <strong>la</strong>cohérence d’une logique. Il doit inévitablement conduire à une sociologie de l’action dans <strong>la</strong>pluralité de ses orientations (Keck, 2008).La notion de participation permet de poser avec davantage de précision le problème desre<strong>la</strong>tions entre perception et représentation qui est au cœur de <strong>la</strong> sociologie du risque : « lesindividus participent à <strong>la</strong> société selon <strong>la</strong> façon dont leurs perceptions des choses sontorientées par les représentations collectives vers les dangers qui se situent à <strong>la</strong> limite de causesnaturelles et de causes morales » (Keck, 2006). Pour Keck, <strong>la</strong> notion de participation, forgéepar Lévy-Bruhl (reprise plus tard par Bastide pour é<strong>la</strong>borer le principe de coupure comme il aété observé dans le chapitre 4), est intéressante parce qu’elle permet de tenir ces deuxniveaux, ce que l’on peut appeler le niveau métaphysique des perceptions individuelles et leniveau sociologique des institutions organisées. Toute perception du monde, par le fait d’enêtre affectée et qu’elle soit non représentée à travers des catégories bien délimitées, peutengendrer une certaine forme de contradiction. Lévy-Bruhl invite ainsi à renoncer àcomprendre les diverses logiques de compréhension de <strong>la</strong> nature uniquement selon <strong>la</strong> logique« moderne » qui repose sur le principe de non-contradiction. La notion de participationpermet d’associer les représentations des phénomènes naturels extrêmes qui se basent sur lep<strong>la</strong>n des causes visibles et invisibles comme sur le p<strong>la</strong>n des causes mécaniques et sur celuisurnaturel des causes morales.La co-présence des principes logiques de contradiction et de non-contradiction qui suggère deréfléchir <strong>la</strong> coexistence de modes de pensée « primitif » et « moderne » (pour reprendre lestermes de Lévy-Bruhl) sera observée dans le chapitre suivant au travers de l’analyse d’unsystème ontologique double propre aux habitants de l’altip<strong>la</strong>no mam.344

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