12.07.2015 Views

Télécharger la thèse doctorale - FGF

Télécharger la thèse doctorale - FGF

Télécharger la thèse doctorale - FGF

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

etour d’Amérique du Nord qui feignent de maîtriser l’ang<strong>la</strong>is, le dialecte mam de San Martínne semble pas être un atout pour se débrouiller, à l’extérieur de <strong>la</strong> municipalité, dans <strong>la</strong> sociétéguatémaltèque. Certaines mères ont dorénavant opté de parler le castil<strong>la</strong>n à leurs enfantsplutôt que le mam. Elles expliquent avoir sciemment et stratégiquement choisi cette <strong>la</strong>ngueplutôt que le mam afin de mieux armer leurs enfants. Si l’inclusion linguistique des locuteursde <strong>la</strong>ngues et de dialectes indigènes soulève de sérieux problèmes au Guatema<strong>la</strong>, ne pas parlerle mam peut être également vécu comme un facteur d’exclusion à San Martín. Des tinecos<strong>la</strong>dinos me partageront ainsi diverses situations au cours desquelles ils ont réalisé combienparler le mam peut être un atout et/ou, une forme de pouvoir : apartés et jeux entre enfantsmams à l’école, déroulement de réunions en mam par respect pour les aînés, cultesévangéliques ou messes catholiques prononcés partiellement en mam…Consciente que l’apprentissage linguistique recouvre également <strong>la</strong> découverte d’un universsymbolique 16 , j’ai concentré mes efforts, en début de recherche, sur l’apprentissage du mam.De manière hebdomadaire, nous nous retrouvions avec Juana Vásquez dans sa boucherie pourun échange linguistique : alors qu’elle m’enseignait le mam, je lui apprenais le français. Mesconnaissances en mam sont toutefois restées rudimentaires. Les jeunes trouvaient ridicule deparler leur dialecte avec moi. C’est généralement en ang<strong>la</strong>is que, dans un premier temps, ilsessayaient de m’aborder. Les tinecos plus âgés testaient mes connaissances de leur idiomelors des salutations. Après les questions c<strong>la</strong>ssiques d’usage, rapidement, ils détournaient <strong>la</strong>conversation vers le castil<strong>la</strong>n. Ils manquaient cependant rarement l’occasion de soulignercombien ils appréciaient mes maigres connaissances de leur dialecte mam. Enfin, en ce quiconcerne mes rencontres avec des aînés monolingues, je m’arrangeais généralement pour êtreintroduite par une tierce personne pour faciliter <strong>la</strong> mise en confiance. Cette personne sechargeait souvent spontanément de veiller à ce que je ne perde pas le fil des propos. Peusoutenue dans mes efforts, je me suis contentée d’un mam courant, de base, tout enenrichissant mon vocabu<strong>la</strong>ire dans certains domaines.Il faut ajouter à ce<strong>la</strong> que <strong>la</strong> tradition lexicographique de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue mam était quasi nullejusqu’à <strong>la</strong> publication, en 2007, du dictionnaire bilingue standard mam Pujb’il Yol Mampublié par OKMA, une institution de recherche sur les <strong>la</strong>ngues mayas. L’orthographe desmots ou des expressions mams qui sont cités dans ce travail s’inspire en partie de cedictionnaire 17 . Cet ouvrage contient un <strong>la</strong>rge vocabu<strong>la</strong>ire, avec les variantes les plussignificatives issues de différentes zones dialectales 18 . Mais <strong>la</strong> perspective volontairementgénéraliste de ce dictionnaire ne permet pas de se reposer uniquement sur les mots qui y sontrelevés. J’ai ainsi constamment réadapté les mots et les expressions au mam de San Martínavec l’aide de tinecos.16 Déjà dans les années 1950, rappellent Marc Augé et Jean-Paul Colleyn, les linguistes et anthropologuesEdward Sapir et Benjamin Whorf avaient démontré l’étroite re<strong>la</strong>tion entre « les catégories et <strong>la</strong> structure du<strong>la</strong>ngage et <strong>la</strong> manière dont les humains appréhendent <strong>la</strong> monde » (Augé et Colleyn, 2004 : 56).17 En annexe se trouve un glossaire de mots vernacu<strong>la</strong>ires mams, ainsi qu’un glossaire des termes castil<strong>la</strong>nsd’usage local.18 Ce dictionnaire utilise l’alphabet de <strong>la</strong> Communauté linguistique mam (COLIMAM) approuvé par l’Académiedes <strong>la</strong>ngues mayas du Guatema<strong>la</strong> (ALMG). Cet alphabet unifié, que j’ai par ailleurs adopté, comporte 27consonnes (19 consonnes simples et 8 consonnes glottalisées) et 5 voyelles.33

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!