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La remise au travail agricole, après plusieurs années de travail à l’étranger, n’est pasautomatique à San Martín. Les situations et les avis divergent. Certaines personnes affirmentque tous les hommes remettent les mains à <strong>la</strong> terre dès leur retour. D’autres considèrent queles migrants de retour privilégient des activités professionnelles alternatives. Mesobservations auprès de ces hommes revenus à San Martín me permettent d’avancer unedistinction générationnelle au sujet de leur réinsertion professionnelle. Les parcours de Pedro(50 ans) et de César (28 ans) illustreront mon propos.Il y a environ 10 ans, Pedro quitte San Martín pour les États-Unis. Il trouve rapidement unemploi d’ouvrier dans le bâtiment. Peu après son départ, il est rejoint par son épouse et sescinq fils qui trouvent rapidement des activités lucratives (excepté le plus jeune fils quipoursuit alors sa sco<strong>la</strong>rité). Après plus de sept années passées sur le sol américain, sa femme,Catarina, tombe enceinte d’un sixième enfant. Le couple décide de rentrer à San Martín avecleur plus jeune fils pour <strong>la</strong> naissance de leur bébé. Ils ont accumulé un capital suffisant pourfaire construire une maison de deux étages et établir un restaurant au rez-de-chaussée qu’ilsappellent Chapin<strong>la</strong>ndia. Pedro achète également de nombreuses parcelles de terre à <strong>la</strong> bocacosta. Alors que Catarina coordonne <strong>la</strong> cuisine de son petit restaurant, Pedro se rend tous lesjours sur ses terres. Il cultive, dans ce climat plus tempéré qu’à San Martín, diverses variétésde légumes. Régulièrement, il emploie des hommes (mozos) pour l’aider aux travauxagricoles. Leur fils n’accompagne pas son père aux champs. Jeune adolescent, les parentsestiment qu’il doit consacrer son temps à ses études.César est parti, lorsqu’il avait 20 ans, pour les États-Unis. Profitant de ses re<strong>la</strong>tions, il dégotedivers petits emplois avant de se stabiliser dans une entreprise de restauration de façades. À25 ans, il est victime d’un accident du travail. Il est alité pendant plusieurs mois et ne peutréintégrer son travail. En incapacité de travail, sans assurance et malgré les dédommagementsde son patron, sa vie américaine lui coûte trop cher. Invalide, il revient à San Martín et se<strong>la</strong>nce dans un commerce de revente de véhicules en provenance des États-Unis. Il estégalement, de temps à autre, chauffeur de microbus qui effectuent <strong>la</strong> liaison entre San Martínet <strong>la</strong> ville de Quetzaltenango. Récemment, il s’est mis à travailler avec un coyote, un passeur,chargé d’organiser les périples des migrants c<strong>la</strong>ndestins depuis leur sol natal vers unedestination nord-américaine. César se charge de racoler les personnes intéressées. Il lesinforme du trajet et des conditions financières. À diverses reprises, j’ai pu aussi voir Césars’adonner à des petits travaux tels que <strong>la</strong> réparation du mécanisme d’un puits ou encore, <strong>la</strong>récolte de pommes de terre. Mais César nie cette dernière activité.César a le profil de ces jeunes hommes partis migrer à l’étranger avant d’avoir créé unefamille. Avant de partir, ils se consacrent aux tâches agricoles sous <strong>la</strong> tutelle du chef defamille. Ils n’endossent donc pas <strong>la</strong> responsabilité directe d’alimenter le grenier à grainsfamilial. De sa recherche menée avec les migrants rentrés à Zacualpa dans le département duQuiché, Ricardo Fal<strong>la</strong> propose une distinction de catégories de migrants en fonction de l’âge(2008). Selon lui, il est important de distinguer <strong>la</strong> « jeunesse adulte » (juventud adulta) de <strong>la</strong>exemple par l’analyse des envois d’argent) aux dépens d’une approche qui considère ces migrants comme desagents de changement potentiel. Le jésuite et anthropologue guatémaltèque Ricardo Fal<strong>la</strong>, défend pleinement cepoint de vue dans son ouvrage Migración transnacional retornada (2008).138

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