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phénomène naturel, je dois m’imprégner du déroulement des événements… Enfin, du moins,ce qui, six mois après les événements et parfois près de cinq ans après, reste gravé dans <strong>la</strong>mémoire des tinecos.Sans perdre de vue le fait que les récits individuels sont une construction a posteriori qui estprobablement le résultat d’altérations multiples lors de discussions avec d’autres pesonnes de<strong>la</strong> commuauté tineca, certains éléments redondants me semblent faire partie d’un vécucollectif qu’il est possible d’énumérer en quelques points. J’aborderai dans cette partie, <strong>la</strong>chronologie des événements toujours présents dans <strong>la</strong> mémoire des tinecos, <strong>la</strong> puissancedestructrice des rivières et des éboulements, l’évacuation du centre urbain, l’évaluation desdégâts et, enfin, les mouvements de solidarité spontanés et organisés au sein de <strong>la</strong>municipalité et en provenance de l’extérieur.Dans leurs <strong>thèse</strong>s respectives, Sandrine Revet (2006) et Julien Langumier (2006) soulignentl’importance de <strong>la</strong> mise en récit de <strong>la</strong> catastrophe pour les sinistrés. La reconstruction aposteriori de l’événement par <strong>la</strong> description d’éléments factuels, permet aux personnes desituer leur expérience personnelle dans l’événement collectif. Les récits constituent dès lorsun point nodal dans le processus d’enquête de l’anthropologue. Si <strong>la</strong> mise en récit d’unecatastrophe peut être un outil mobilisé par les psychologues pour soigner les traumatismespost-désastre, les témoignages spontanés des acteurs, récoltés sur le terrain, ont été produitsuniquement à des fins de connaissance sans aucune prétention thérapeutique. Témoin del’évocation du drame, je ne suis ni habilitée, ni en mesure, d’évaluer les bénéficespsychologiques, voire les effets psychopathologiques (rappel d’un état de stress, réveil dutraumatisme), de mes entrevues avec les sinistrés tinecos. Cependant, de ces momentsprivilégiés de mise en récit de soi, sont nées des re<strong>la</strong>tions de confiance avec <strong>la</strong> plupart desinterviewés.Chronologie des événements à San MartínAu mois de juillet 2010, soit près de cinq années après le passage de Stan à San Martín, JuanaVásquez me partage, au détour d’une conversion, les vifs souvenirs qu’elle conserve desévénements du mois d’octobre 2005. Juana achève son récit, elle me regarde et me dit :« C’est que Monsieur Stan a éprouvé un immense p<strong>la</strong>isir à San Martín ! ».Les pluies et les vents qui accompagnaient « Don Stan » son entrés en scène dans <strong>la</strong>municipalité dès le lundi 3 octobre 2005. Après avoir envahi le paysage de vie des tinecosjusqu’à le ravager, Stan abandonna les lieux. « Avec Stan, les montagnes ont montré leurssquelettes », commente Efraín Méndez, chamane et poète à ses heures. « L’eau emporta <strong>la</strong>terre. Il ne restait sur le sol que des pierres, des branches et des animaux sylvestres morts »,poursuit-il. Avec les saisons et les années, les p<strong>la</strong>ntations reprirent le dessus et reverdirent lesanciennes tranchées creusées par les glissements de terre.Mais depuis que Stan s’est invité à San Martín, les traces de son passage se sont résorbées peuà peu dans le paysage. Des « résidus » de Stan n’ont cessé d’apparaître au cours de mesrecherches ethnographiques entre mars 2006 et juillet 2010. Entre autres exemples, en avril2006, je rencontre le père de Catarina. Son visage est défiguré par une paralysie faciale.75

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