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conduisant vers l’inframonde (Broda, 1991 ; Matteo, 2005). Lors d’une cérémonie maya,lorsque le feu est <strong>la</strong>ncé, les premières invocations sont destinées aux montagnes et auxvolcans du Guatema<strong>la</strong> ainsi qu’aux encantos connus des ajq’ij. En pays maya, expliquentMichel Antochiw, Jacques Arnauld et A<strong>la</strong>in Breton, « les crêtes marquent les limites desterroirs et les sommets en sont les protecteurs ; les mythes mettent ces derniers en scène et leschamanes les invoquent constamment dans leurs incantations » (Antochiw et al., 1991 : 32).Un des lieux de prédilection des ajkab’ est <strong>la</strong> <strong>la</strong>gune Chikabal 146 qui repose dans le cratère duvolcan du même nom. Située à 2.700 m d’altitude, <strong>la</strong> <strong>la</strong>gune Chikabal est considérée commeun haut lieu cérémoniel par l’ensemble des chamanes de <strong>la</strong> région. Efraín Méndez et son filsRogelio ont créé une petite entreprise touristique qui emmène les étrangers à <strong>la</strong> <strong>la</strong>gune.Rogelio joue le rôle de guide, tandis qu’Efraín sensibilise à <strong>la</strong> spiritualité maya. L’ascensiondu volcan par les touristes n’est pas sans lien avec une certaine fascination pour lechamanisme local. Efraín joue un rôle totalement atypique dans <strong>la</strong> communauté des tinecos.Tandis que les touristes sont demandeurs d’expériences chamaniques, les chamanes de SanMartín semblent être hermétiques à ces demandes et déconsidèrent le rôle de « facilitateur »par lequel se définit Efraín. Contrairement à d’autres localités visitées par les touristes(comme en particulier les vil<strong>la</strong>ges autour du <strong>la</strong>c Atitlán), San Martín ne vend pas ses rituelsaux touristes. Cette situation reflète le peu d’assise du chamanisme dans le paysage desreligiosités officielles mais aussi, le souhait de préserver les secrets ancestraux. Certainschamanes comme Tomas ou Efraín utilisent d’ailleurs les termes de « réalisation desecrets 147 » pour évoquer <strong>la</strong> tenue de cérémonies mayas.Asociación para el Desarrollo Educativo, Económico y Cultural Onil Tnum (ADECOT),Kyb’i Kojb’il. Toponimias. San Martín Sacatepéquez, Quetzaltenango, Guatema<strong>la</strong>, C.A.Guatema<strong>la</strong>, Editorial Maya Na’oj.146 L’archéologue Johanna Broda estime que les toponymes qui se rapportent aux montagnes, aux vil<strong>la</strong>ges ou àdes lieux sacrés démontrent l’intime interre<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> perception mythique et le paysage rituel (Broda, 2009).L’association ADECOT de San Martín a réalisé un livret intitulé Kyb’i Kojb’il. Toponimias. San MartínSacatepéquez, Quetzaltenango, Guatema<strong>la</strong>, C.A (2002). Ayant comme objectif de renforcer <strong>la</strong> culture etl’identité des habitants de San Martín, l’association considère les toponymes comme une importante richesseculturelle à préserver. Les auteurs du livre recommandent l’usage des noms originaux en mam pour les lieux-ditsde San Martín. Chikabal est par exemple le nom officiel du volcan. Selon les auteurs, <strong>la</strong> version mam surl’origine du nom <strong>la</strong> plus acceptée est Wuchkab’al, qui se traduit par tonnerre. Ce nom lui serait donné car enhiver, les orages montagneux sont d’une surprenante activité près de <strong>la</strong> <strong>la</strong>gune. Les auteurs recommandentd’écrire et de prononcer correctement Chikabal par Chkab’al. Pour faciliter <strong>la</strong> lecture, je conserverai toutefoisl’appel<strong>la</strong>tion officielle et non l’appel<strong>la</strong>tion originale mam. Les recherches de Rainer Hostnig, Rosanna Hostnig etLuis Vásquez suggèrent une autre appel<strong>la</strong>tion en mam pour Chikabal : Toj Qtxu (Hostnig et al., 1998 : 250). Latraduction littérale de ce nom serait « le lieu de notre Mère », ou encore, « le lieu dans lequel est notre Mère ».Le chamane tineco Efraín Méndez défend également l’appel<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> <strong>la</strong>gune Chikabal comme <strong>la</strong> mère ou <strong>la</strong>maîtresse de <strong>la</strong> <strong>la</strong>gune, qu’il nomme qtxu chkab’al. Pour Francisco Pérez Pérez encore, « Chikabal est le nomdonné à <strong>la</strong> montagne car “a” en mam veut dire l’eau. Ce<strong>la</strong> signifie donc, le lieu où il y a de l’eau autrement dit, <strong>la</strong><strong>la</strong>gune » (26/11/2008).147 Juana est <strong>la</strong> seule personne que j’ai pu entendre mentionner le terme secreto dans un autre cadre que celui descérémonies mayas. Elle explique en effet que les techniques thérapeutiques traditionnelles pour soigner du malde ojo sont appelées aussi des secretos. Le mauvais œil, dont il sera question dans le chapitre, n’est généralementpas soigné par des ajq’ij mais bien par des personnes qui possèdent ce don de guérison.170

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