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Conclusion : L’événement Stan : amorce d’une rupture de sensAu Guatema<strong>la</strong>, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion se réfère aux événements de 2005 en les appe<strong>la</strong>nt simplement« El Stan », comme s’il s’agissait d’une personne. Lorsque les tinecos parlent d’ « El Stan »,le terme recouvre deux aspects. Il renvoie, d’une part, à l’ouragan Stan, au phénomènemétéorologique, et, d’autre part, il fait écho à <strong>la</strong> catastrophe, aux dégâts provoqués par <strong>la</strong>tempête. Les interlocuteurs utilisent rarement le terme désastre 67 en tant que tel pour signifierles conséquences de Stan. « El Stan » parle de soi. Son énonciation est accompagnée, parmétonymie, de toute <strong>la</strong> charge négative de l’événement. Il symbolise le drame qui frappa <strong>la</strong>localité par <strong>la</strong> destruction, celui à partir duquel il y eut un avant et un après.Pour Edgar Morin, l’écosystème est un <strong>la</strong>rge système qui oscille entre deux pôlesévénementiels : d’une part, des événements périodiques réguliers (cycles du jour et de <strong>la</strong> nuit,phénomènes saisonniers non seulement climatiques mais végétaux et animaux) ; d’autre part,des événements irréguliers, apériodiques, les uns fréquents, les autres rares, certains, à <strong>la</strong>limite, exceptionnels et cataclysmiques (inondation, tremblement de terre) » (Morin, 1982 :150). « El Stan » est donc l’événement qui bascule de l’ordre des phénomènes saisonniers àcelui de l’exceptionnel et du spectacu<strong>la</strong>ire. L’expérience de l’extrême connote l’événement,de manière subjective, de catastrophique.L’usage courant du terme catastrophe, dans son sens moderne de « malheur effroyable etgénéral » n’est pas réservé à une catégorie bien définie. Pour illustrer les « secrets » connotéspar le mot dans son emploi courant, Michael O’Dea interroge deux types d’événements.Pourquoi l’effondrement du toit d’un terminal d’aérogare à Roissy, faisant cinq morts, amènet-ilLe Monde en 2004 à parler d’une catastrophe, alors qu’on voit mal le terme employé pourun accident de <strong>la</strong> route faisant le même nombre de victimes ? Parce qu’un accident de ce typeest rare, alors que les accidents de <strong>la</strong> route ne le sont malheureusement pas ? Parce quel’effondrement du toit à une autre heure de <strong>la</strong> journée aurait pu faire bien plus de victimes ?Ou bien parce que les aérogares sont pour notre modernité des lieux mythiques, liés aubonheur du départ vers des horizons lointains ? Il est difficile de trancher (2002 : 47).Pour leur part, les bases de données en épidémiologie des désastres cherchent à obtenir descritères stables et objectifs pour l’attribution du terme catastrophe à un événement. Mais lesdivergences conceptuelles des institutions qui définissent une catastrophe présentent desdiagnostics qui qualifient différemment les événements naturels pour une même région. Cescritères divergeants révèlent une fois de plus une appréciation variable de ce qu’il est convenud’appeler une « catastrophe ».67 Comme le souligne Sandrine Revet (2006), <strong>la</strong> sociologie et l’anthropologie qui prennent les désastres pourobjet trouvent leurs racines dans le monde anglo-saxon. Il est dès lors courant d’utiliser le terme de « désastre »,traduction de l’ang<strong>la</strong>is disaster, pour désigner un événement dommageable, une interruption du fonctionnementd’une société qui cause des dégâts humains et matériels. L’auteur fait également remarquer que le terme désastreest également le terme utilisé dans <strong>la</strong> sphère internationale qui traite de ces phénomènes. Pour certainssociologues, <strong>la</strong> catastrophe désigne un phénomène dont les conséquences sont plus graves que celles d’undésastre. Pour ma part, j’utiliserai indistinctement, à l’instar de Revet, les termes de catastrophe et de désastrepour désigner l’événement Stan.92

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