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pertinence analytique de cette notion m’invite à <strong>la</strong> reprendre afin d’aborder, non l’insécuritéqui touche à l’environnement social, mais celle qui affecte l’environnement « naturel ». Letemps de <strong>la</strong> modernité insécurisée à San Martín conjugue l’affaiblissement de <strong>la</strong> prise encharge coutumière de l’environnement « naturel » (et en particulier des montagnes) et lescarences des actions qu’imposent <strong>la</strong> rationalité scientifique. Les savoirs coutumiers cèdent lepas aux réponses utilitaristes de protection de <strong>la</strong> « nature », mais ces dernières restent vainesface au faible accès ou le peu d’emprise sur des alternatives concrètes.Selon les anthropologues Susan Crate et Mark Nuttall (2009), les popu<strong>la</strong>tions qui vivent dansdes écosystèmes fragiles, connaissent et connaîtront avec les changements climatiques unetransformation de leurs espaces et, parallèlement, des reformu<strong>la</strong>tions, voire des pertes, de leurcosmologie. Il me semble intéressant de complèter leurs propos car, si les changementsclimatiques induisent des changements culturels, ils peuvent, au lieu de provoquer <strong>la</strong> « perte »des cosmologies, inciter leur réveil. Les changements climatiques pourraient égalementmarquer un tournant vers une prise de conscience de <strong>la</strong> diversité culturelle de penser l’humainet <strong>la</strong> « nature ».Cette idée est très bien illustrée par les mots de <strong>la</strong> tineca Eliza Orozco qui affirme que,l’année 2012 sera celle d’un changement des consciences. Elle projette un rejet significatifdes influences politiques des autres cultures sur <strong>la</strong> question de l’environnement.Par exemple, peut-être que nous rejetterons l’idéologie européenne sur l’environnement. Peutêtreque nous n’accepterons plus les politiques des autres pays au sujet du développementdurable. (…) nous serons invités à repenser le monde. C’est comme recevoir un « halte-là »,sentir que nous sommes coupables. Nous devons étudier et analyser ce qui nous permettra <strong>la</strong>renaissance. Peut-être qu’il y aura plus de tragédies dans l’environnement, que <strong>la</strong> Mère Naturevoudra retrouver sa manière de vivre. (…) Ce sera un changement des consciences. Il n’y aurapas de miracle. (…) 2012, c’est comme un p<strong>la</strong>n stratégique. On ne travaillera plus sousl’influence des autres cultures (Eliza Orozco, 15/02/2008).Ce constat politique d’une domination culturelle des modes de re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> nature estpartagé par de nombreuses popu<strong>la</strong>tions amérindiennes. Pour illustrer ce propos, voici unextrait du discours tenu par le Président bolivien d’origine aymara, Evo Morales, aprèsl’annonce du séisme qui a dévasté <strong>la</strong> côte chilienne le 27 février 2010 : « Je sens que <strong>la</strong> Naturene supporte pas les politiques qui détruisent l’environnement. Je sens que Mère Nature sefâche » (Libération, 01/03/2010). Il est intéressant de souligner également que legouvernement d’Evo Morales a été à l’initiative de l’organisation du premier SommetMondial des Peuples Indigènes sur le Changement climatique et les Droits de <strong>la</strong> Terre Mèreen avril 2010, dont l’ambition était de construire une réflexion sur le rôle joué par les peuplesindigènes dans <strong>la</strong> production de discours et de pratiques liés à l'environnement. Ce sommet a,entre autres, donné lieu à <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion d’un projet de déc<strong>la</strong>ration universelle des droits de <strong>la</strong>Terre Mère. Ce projet politique se démarque de l’idéologie défendue par le naturalismeoccidental à caractère anthropocentrique (car les non-humains y sont définis par leur défautd’humanité). Des représentants des popu<strong>la</strong>tions indigènes contestent <strong>la</strong> légitimité del’exploitation des ressources naturelles que requièrent les modes de consommation desoccidentaux naturalistes. Porté à outrance, ce système d’exploitation nous aurait conduits vers395

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