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PRÉLUDE ETHNOGRAPHIQUE ET MÉTHODOLOGIQUESan Martín Sacatepéquez comme terrain ethnographiqueUn lever de soleil à San Martín…Il est 5h30 du matin. Depuis le toit p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> maison de Juana une vue panoramique de SanMartín s’offre à moi. À quelques jours de mon retour en Belgique, je m’imprègne avecémotion de ce paysage dont les codes m’ont été patiemment enseignés par mes« informateurs » devenus aujourd’hui, pour <strong>la</strong> plupart, des amis.Telle une couverture protégeant un enfant dans son berceau de montagnes, le centre de <strong>la</strong>municipalité est sous <strong>la</strong> brume. Le soleil illumine de ses premiers rayons les versants de TwiS<strong>la</strong>j et au loin, le sommet du volcan Chikabal. La brume se retire et <strong>la</strong>isse apparaître, à l’Estd’abord, couleurs et contrastes. La terre est sèche et aride d’une pluie absente qui ne tarderapas à venir. Le maïs a été récolté les mois précédents. Il sera resemé dans un peu près un mois,en fonction de l’ensoleillement des terrains.Depuis <strong>la</strong> terrasse, je vois des hommes armés de leur houe s’éloigner vers leur champ au sonde leurs bottes en caoutchouc. Certains n’emportent qu’un mecapal 1 ; ils s’en vontprobablement chercher du bois de cuisson dans <strong>la</strong> montagne. Les femmes, penchées sur lesbassins d’eau (pi<strong>la</strong>), <strong>la</strong>vent le linge. Cordes, murets, fils de fer ou chuj 2 en sont peu à peucouverts.Je ferme les yeux, les bruits et les odeurs de San Martín qui s’éveille, m’atteignent. Ils me sontfamiliers. Non loin de mon observatoire, le moulin à pétrole broie en pétaradant le maïsdestiné aux tortil<strong>la</strong>s 3 ou au tamales 4 . Les mains des femmes, paume contre paume enchantent,par de légers app<strong>la</strong>udissements, les premières tortil<strong>la</strong>s de <strong>la</strong> journée dont <strong>la</strong> rondeur égale à <strong>la</strong>lune lorsqu’elle est pleine. Plus tard, accompagnées d’œufs brouillés et de frijoles, des tortil<strong>la</strong>sseront apportées au champ pour nourrir les hommes. Les haches coupent déjà le bois. L’odeurdu feu me parvient avec celle des tortil<strong>la</strong>s. Ces arômes se mé<strong>la</strong>ngent aux odeurs de <strong>la</strong> terrehumidifiée par <strong>la</strong> rosée, et aux effluves des engrais organiques qui hérissent les narines. Lesvo<strong>la</strong>illes piaillent noncha<strong>la</strong>mment dans les cours ou sur les toits. Alors que je gratte avec uncertain automatisme les piqûres de puces, ennemies de mes nuits, leurs propriétaires caninsaboient au loin. Les pick-up démarrent au quart de tour dans les ruelles. Des jeunes enuniforme se dirigent vers le centre pour prendre un microbus qui les emmènera à proximité deleur collège dans <strong>la</strong> ville de Quetzaltenango. Des baffles diffusent des champs évangéliques…1 Lanière de cuir ou de corde tressée, p<strong>la</strong>cée sur le front pour permettre de porter une charge dans le dos.2 Le chuj, appelé aussi dans de nombreux endroits du Guatema<strong>la</strong>, temascal, est une sorte de bain de vapeur. Leshabitants de l’altip<strong>la</strong>no s’y baignent une à deux fois par semaine. Petite cahute à l’extérieur du foyer, le chuj,aujourd’hui fait de béton et non plus de terre, se voit peu à peu remp<strong>la</strong>cer par des douches dans certaineshabitations.3 Galette ronde de maïs, base de l’alimentation rurale.4 Nourriture traditionnelle, les tamales sont des chaussons de pâte de maïs enroulés dans des feuilles séchées oufraîches de maïs ou de maxan et cuits à <strong>la</strong> vapeur.23

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