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du tremblement mais jamais ils ne l’affirmeront publiquement avec conviction. À nouveau, leshabitants se remémorent Stan. "Ceux qui ont foi ne doivent pas avoir peur", me commenta unepassante.Abasourdie par <strong>la</strong> tension qui règne, je ne trouve pas les mots pour calmer <strong>la</strong> situation. Unhabitant vient alors m’expliquer sans confusion qu’il s’agit en effet d’un simu<strong>la</strong>cre. Cesimu<strong>la</strong>cre, il le définit comme un « faux tremblement de terre ». Le séisme qui sera ressenti nesera pas d’origine naturelle, selon lui. La CONRED p<strong>la</strong>cera une bombe dans les profondeursde <strong>la</strong> terre afin de simuler les vrais effets du tremblement, et de pouvoir évaluer si leshabitants sont bien préparés à de telles occurrences 251 . L’incompréhension du simu<strong>la</strong>creéveille <strong>la</strong> peur chez les interlocuteurs rencontrés. Un enfant crie: "Vite, vite, qu'ils le fassentpour que ce soit passé" (Notes de terrain, 12/07/2007).L’expérience du simu<strong>la</strong>cre à San Martín démontre combien les habitants sont démunis face autraitement des informations issues de <strong>la</strong> presse. Ces informations, le plus souvent détenues viades sources indirectes, se transforment rapidement en rumeur. Envahis par <strong>la</strong> peur, les tinecosne cherchèrent toutefois pas à investiguer davantage sur les risques qui les menaçaient. Peuoutillés pour analyser les alertes diffusées dans <strong>la</strong> presse, <strong>la</strong> plupart des tinecos feraientégalement fi, aujourd’hui, des signes avant-coureurs de menaces climatiques diagnostiquéspar les aînés traditionnalistes. Or, le type de lecture mais aussi l’intérêt porté aux pronostics,traditionnels ou médiatiques, entraînent des modes de réactions et de préparation face auxmenaces annoncées.L’appropriation par les tinecos de ces deux manières de pronostiquer une menace naturelle, etplus globalement, <strong>la</strong> façon dont ils appréhendent les risques et les moyens de s’en protéger,est révé<strong>la</strong>trice d’une tension entre les savoirs traditionnels et coutumiers, qui se traduit par undétachement et un attachement.Connaissances et confrontations intergénérationnellesLes aînés tinecos affirment que l’adaptation aux risques repose sur le savoir local. Leur vécuet leurs expériences les dotent de connaissances qui permettent, non seulement de prévoir lesrisques, mais aussi, d’anticiper les menaces. Les aînés ont <strong>la</strong> mémoire du passé et descoutumes ancestrales. Ils possèdent ainsi des informations pour mettre en p<strong>la</strong>ce des actions deprévention des risques en adéquation avec l’environnement et les coutumes. Or, déplorent-ils,leurs connaissances sont aujourd’hui dépréciées par les nouvelles générations. Certainsanciens auraient ainsi prévu les glissements de terrain d’octobre 2005, mais à défaut deprendre ces considérations au sérieux, on leur aurait reproché leur pessimisme et leur manquede foi.À San Martín, <strong>la</strong> transformation des représentations du risque semble avant tout être stimuléepar des modes d’accès au savoir qui privilégient des sources et des légitimations distinctes des251 L’imaginaire d’un tremblement de terre provoqué par des bombes a également été entendu dans des proposd’Haïtiens afin d’expliquer le tragique séisme sur leur île en janvier 2010. Une personne travail<strong>la</strong>nt pourMédecins sans frontière me témoigna en effet du fait que des Haïtiens soupçonnaient les États-Unis d’avoirprovoqué une telle attaque pour prendre, au lendemain du tremblement, le contrôle de l’île.338

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