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économiques ne peuvent être séparées de l’univers religieux. Mais surtout, à San Martín, <strong>la</strong>spiritualité maya est une spiritualité dans <strong>la</strong>quelle sont socialisés les tinecos depuis leur plusjeune âge par leurs aînés. Elle repose sur des connaissances culturelles, et le respect desnormes et de l’autorité correspond au rôle des « anciens ». Faillir au respect des traditionsconduit à devenir victimes de représailles des figures d’esprit et autres êtres invisibles. Laspiritualité maya est marqueur d’identité : elle définit une communauté de valeurs et depratiques et <strong>la</strong> notion de pouvoir n’est pas absente de cette religiosité sans dogme, sansliturgie, sans temple ni clergé.c. Le nahual comme double-animal ou comme don de transformationLa configuration des intériorités telle qu’elle a ici été présentée est le résultat d’unesystématisation de données ethnographiques récoltées auprès des habitants de San Martín etde certains chamanes k’iche’ de <strong>la</strong> ville de Quetzaltenango. Elle est le fruit d’une époque,d’un lieu et, de surcroît, intrinsèquement liée aux limites de compréhension d’uneanthropologue allochtone. Les monographies réalisées dans <strong>la</strong> région présentent dessimilitudes avec le système des intériorités des tinecos mais soulignent aussi d’importantstraits distinctifs.Jésus García Ruiz a par exemple mené des travaux ethnographiques dans <strong>la</strong> région mam, enparticulier dans le Sud du département de Huehuetenango. En 1979, il publie un articleintitulé « Éléments pour une analyse de <strong>la</strong> représentation et de <strong>la</strong> conception de <strong>la</strong> personnechez les mam », papier résumant en partie les résultats de sa <strong>thèse</strong> de doctorat. Pour GarcíaRuiz, l’homme mam se reconnaît dans quatre éléments qui rendent possible son existence : lecorps, le txelecum ou l’ombre, le tc’uj’ ou le cœur et le kolel qu’il traduit par double-animalou nahual. Je ne m’intéresserai ici qu’à <strong>la</strong> quatrième composante observée par García Ruiz :le kolel ou nahual. Selon les observations de l’auteur auprès des Mams de Huehuetenango, lenahual associe un individu à un animal qui naît en même temps que lui. Leurs deux vies sedéveloppent en interdépendance étroite. Depuis cette conception, le kolel est considérécomme co-dépositaire du txelecum (García-Ruiz, 1979 : 179). García Ruiz explique que« dans <strong>la</strong> majorité des cas, nous avons pu constater que les enfants et les jeunes gens neconnaissent pas leur kolel tandis que les personnes qui exercent une fonction importante dans<strong>la</strong> communauté le connaissent » (1979 : 180).chamanique. Malgré ses origines non indigènes, il est aujourd’hui reconnu comme ajq’ij par <strong>la</strong> communauté deschamanes. Au cours de l’année 2008, il remit le titre honorifique de chamane « supérieur » à un des plus ancienschamanes k’iche’. Ce titre a été particulièrement contesté par une frange importante des chamanes. Un desarguments retenus à l’encontre de l’attribution de ce titre, était que <strong>la</strong> spiritualité maya est profondémentégalitaire et ne reconnaît pas d’autorité hiérarchique. Autre exemple du lien entre pouvoir politique et spiritualitémaya, lors d’élections locales, départementales et municipales, <strong>la</strong> demande de travail à un chamane estrécurrente. Deux exemples sur le sujet me semblent intéressants. Une chamane de Quetzaltenango m’a confiéavoir travaillé pour un candidat à <strong>la</strong> présidence départementale de Quetzaltenango dans les années 1990. Cettedemande, opérée dans <strong>la</strong> discrétion afin de ne pas entacher l’image politique du candidat, aurait entraîné <strong>la</strong> mortaccidentelle de l’autre candidat. Par cette information, mon interlocutrice souhaita me signifier c<strong>la</strong>irement sapuissance, mais aussi, son travail de magie noire dans le passé et dont elle s’est aujourd’hui détachée. À SanMartin Sacatepéquez encore, Miguel Gómez Pérez, alcalde, élu à <strong>la</strong> tête de <strong>la</strong> municipalité dans les années 1980,m’expliqua avoir eu à sa charge une commission de chamanes mandatés pour accomplir des « commandes »pour le bien de <strong>la</strong> municipalité.258

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