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« jeune jeunesse » (juventud joven) (Fal<strong>la</strong>, 2008 : 26). Bien que ces deux catégories soientouvertes aux changements identitaires, <strong>la</strong> jeunesse adulte, contrairement à <strong>la</strong> jeunesse nonadulte,s’est déjà engagée dans un mariage, un travail et envers <strong>la</strong> communauté, avant departir migrer. César appartient à cette « jeune jeunesse » de migrants.Pour tous les immigrants, le départ signifie <strong>la</strong> sortie d’un système agricole physiquementéprouvant. Les travaux agricoles dans l’altip<strong>la</strong>no sont réalisés uniquement à <strong>la</strong> force dupoignet, sans l’aide de machines (si ce n’est l’arrivée chez certains cultivateurs de systèmesd’irrigation) ni d’animaux. Non sans une certaine fierté, les Guatémaltèques expliquent qu’ilssont appréciés pour leurs capacités à endurer des lourds <strong>la</strong>beurs par leurs employeurs nordaméricains.Cependant, pour <strong>la</strong> « jeune jeunesse », toute activité autre que l’agriculture estvalorisée comme le signe d’une ascension sociale. À l’inverse, le retour aux travauxagricoles, après un parcours migratoire, est perçu comme une stagnation sociale. Césarpartage son point de vue : « De retour à San Martín, nous on ne va plus aux champs, c'est tropphysique, c'est trop dur. Ce sont ceux qui n'ont pas de terres qui vont aux champs, ceux de <strong>la</strong>boca costa. Les pauvres de Santo Domingo par exemple. Ici, ceux qui étudient et ceux quisont partis aux États-Unis ne veulent plus aller aux champs. Les jeunes enfants par contre, ilsn’ont pas le choix » (César, 02/02/2008). Selon Don Fito, « <strong>la</strong> nouvelle génération a honted’aller travailler au champs » (Fito, 04/03/2008). De plus, loin de leur pays natal, ces jeunesse sont familiarisés avec d’autres stratégies économiques de survie. Pas encore pères defamille ou, pères de famille peu nombreuse, ils consacrent le petit capital qu’ils ont acquis enmigration à des activités professionnelles autres qu’agricoles et éventuellement plus risquées.Quand je suis revenu des États-Unis, je ne suis pas retourné travailler dans l’agriculture. J’airéfléchi et je me suis dit que j’al<strong>la</strong>is tenter d’avoir mon permis de conduire. Je l’ai eu, alors jeme suis mis à conduire des microbus. C’est plus facile et mieux que d’aller aux champs. Maisje vou<strong>la</strong>is retourner aux États-Unis car ici, on ne gagne que septante quetzales par jour et çane permet pas de vivre. Et puis, on s’est habitué au rythme de vie là-bas. Là, tu gagnes auminimum septante dol<strong>la</strong>rs par jour… (César, 12/03/2008).Ces parcours migratoires permettent également une re<strong>la</strong>tive autonomie par rapport aupatriarche. Non seulement les jeunes se <strong>la</strong>ncent dans des activités lucratives indépendantesdes travaux agricoles de l’unité familiale mais aussi, ils bâtissent leur propre foyer. Alors quetraditionnellement, après une union, l’épouse rejoint son mari pour vivre dans l’unitédomestique de sa belle-famille.La réinsertion professionnelle des migrants plus âgés, que je ne restreins pas à <strong>la</strong> « jeunesseadulte » comme <strong>la</strong> désigne Fal<strong>la</strong>, se distingue nettement de celle de <strong>la</strong> « jeune jeunesse ».Pères de familles nombreuses, rares sont les hommes qui dé<strong>la</strong>issent les activités agricoles.S’ils ont quitté <strong>la</strong> municipalité comme des misérables agriculteurs, l’accumu<strong>la</strong>tion de capitalen migration leur permet de réintégrer leur municipalité comme des nouveaux riches,entrepreneurs agriculteurs qui n’appartiennent plus à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse paysanne (Fal<strong>la</strong>, 2008 : 325).Ces hommes, moins innovateurs que les plus jeunes générations, se remettent au travai<strong>la</strong>gricole après avoir augmenté leur capital foncier. Ils ne daignent pas se faire seconder parune main-d’œuvre rémunérée et encouragent souvent leur propre père à se dégager destravaux agricoles. On pourrait se demander si ce nouveau confort, mis en p<strong>la</strong>ce avec le139

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