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font des pactes avec lui, ils font des mauvaises choses. Et bien sûr, ce<strong>la</strong> ne p<strong>la</strong>ît pas à Dieu carce que Dieu veut, c’est l’amour » (Reina Gómez, 18/04/2006). Quelques rares personness’adonnent en effet à <strong>la</strong> magie noire, mais ils ne sont pas représentatifs de l’ensemble de <strong>la</strong>communauté chamanique. De plus, contrairement aux chamanes yagua étudiés par Chaumeil(1983), leur personnage n’est pas teinté d’ambivalence : soit ils ont opté pour travailler avec« le mal », soit avec « le bien ». Le terme ajkab’ qualifie le chamane qui a <strong>la</strong> charge deréaliser des cérémonies pour Qajaw, Dieu et les figures d’esprit, afin d’adresser desremerciements ou de demander des bénédictions. Les sorciers sont appelés des ajk’a car ilsmaîtrisent les forces maléfiques. Le suffixe k’a signifie « amer », contrairement au suffixekab’ qui signifie « doux, sucré ». Kab’ est traduit en castil<strong>la</strong>n par pane<strong>la</strong>, une pâte brunâtreréalisée avec le sucre de canne et vendue en bloc. Une mauvaise prononciation apporte unglissement sémantique conséquent avec lequel jouent les protestants fanatiques. Les chamanessont qualifiés de « b<strong>la</strong>ncs » lorsqu’ils travaillent pour le bien de <strong>la</strong> communauté et sont alorsconsultés au sujet de questions et pour des conseils re<strong>la</strong>tifs aux semences, aux récoltes, auxvoyages, aux problèmes domestiques, à <strong>la</strong> prévention d’accidents, à <strong>la</strong> santé, à <strong>la</strong> bénédictiond’une maison… Les chamanes « noirs » ont le pouvoir de se venger des ennemis de leursclients, de punir une épouse infidèle et, dans les cas extrêmes, de tuer. Des chamanes« b<strong>la</strong>ncs » se refusent de considérer les ajk’a comme des confrères chamanes. Selon eux, leurspratiques ne sont pas issues de croyances préhispaniques. D’autres chamanes « b<strong>la</strong>ncs »estiment par contre qu’il est nécessaire que certaines personnes travaillent avec les forcesmaléfiques.Présentes depuis quelques décennies à San Martín, les Églises évangéliques symbolisent, parle rejet des traditions et de certaines conventions mayas, le progrès. Elles sont par contreprésentées comme un élément de rupture avec <strong>la</strong> tradition. Vecteur d’entrée dans <strong>la</strong>modernité, « le pentecôtisme l’est en particulier dans sa dimension destructrice de <strong>la</strong> coutume,dans <strong>la</strong> rupture avec l’appartenance ethnique qu’il propose, dans <strong>la</strong> coupure qu’il établit avecle passé » (Pédron-Colombani, 1998 : 211). Tous les moyens sont mis en œuvre (attaquesverbales ou matérielles et pressions diverses) pour mettre en p<strong>la</strong>ce une politique radicaled’éradication et des pratiques qui présentent ou qui ont une conception de Dieu différente de<strong>la</strong> leur, et de toute autre forme de culte. La <strong>la</strong>gune Chikabal est, à ce sujet, un lieu où se livreune bataille ouverte contre <strong>la</strong> spiritualité maya. À maintes reprises, autels et croix, symbolessacrés, ont été retrouvés volontairement détruits et saccagés.Quand l’américain Colin a commencé à travailler avec l’association ASAECO, il a suggéréd’enlever toutes les croix en bois autour de <strong>la</strong> <strong>la</strong>gune Chikabal. Alors ils ont commencé à lescouper, à les arracher et à les brûler. Le président d’ASAECO était le pasteur de l’Églisepresbytérienne. On a alors créé une association pour demander que ce<strong>la</strong> s’arrête. On a mis unpanneau sur lequel il est inscrit qu’on doit respecter le lieu et les croix. Miguel Pais a alors eul’idée de construire une croix en béton à <strong>la</strong> <strong>la</strong>gune et une autre à San Martín Wutz (EfraínMéndez, 02/08/2010).Pour Efraín, brûler les croix près des autels mayas ou les couper avec <strong>la</strong> machette trahit unmanque de respect envers un glorieux passé. Pour ce chamane, il s’agit d’un acte de violenceexplicite à l’encontre de <strong>la</strong> spiritualité maya.244

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