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une nouvelle époque géologique, nommée par certains : l’anthropocène 272 . Des voixoccidentales s’opposent également à une vision utilitariste de <strong>la</strong> « nature » et témoignent de <strong>la</strong>nécessité de considérer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète comme un acteur sur <strong>la</strong> scène politique (Serres, 2009).Cependant, les principes internationaux de protection de <strong>la</strong> nature et de sa biodiversitéreposent depuis toujours sur une politique internationale érigée à partir d’une conception trèsparticulière de <strong>la</strong> nature, née en Europe au siècle des Lumières. Or, estime Desco<strong>la</strong> dans unarticle intitulé « À qui appartient <strong>la</strong> nature ? » (2008), cette conception est loin d’être partagéepar tous les peuples de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète, attachés à d’autres principes cosmologiques. Afin que <strong>la</strong>préservation de l’environnement soit pleinement efficace, les sciences sociales devraient tenircompte, selon lui, de cette pluralité des intelligences de <strong>la</strong> nature. Car, estime l’auteur, « iln’existe pas de critères absolus et scientifiquement fondés à partir desquels pourraient êtrejustifiées des valeurs universelles reconnues dans le domaine de <strong>la</strong> préservation des besoinsnaturels et culturels » (Desco<strong>la</strong>, 2008 : 7). Toute morale de <strong>la</strong> nature est ainsi anthropogéniqueen ce qu’elle exprime nécessairement des valeurs défendues par un collectif d’humains.En concluant son ouvrage Par-delà nature et culture, Desco<strong>la</strong> avance qu’aucune présence aumonde, aucune manière de s’y lier, n’offre de compromis à même d’offrir une sourced’enseignement adéquate à toutes les situations, et plus particulièrement au défi d’agencerentre eux un nombre toujours plus grand d’existants en quête de représentation et detraitements équitables.C’est à chacun d’entre nous, là où il se trouve, d’inventer et de faire prospérer les modes deconciliation et les types de pression capables de conduire à une universalité nouvelle, à <strong>la</strong> foisouverte à toutes les composantes du monde et respectueuse de certains de leursparticu<strong>la</strong>rismes, dans l’espoir de conjurer l’échéance lointaine à <strong>la</strong>quelle, avec l’extinction denotre espèce, le prix de <strong>la</strong> passivité serait payé d’une autre manière : en abandonnant aucosmos une nature devenue orpheline de ses rapporteurs parce qu’ils n’avaient pas su luiconcéder de véritables moyens d’expression. (Desco<strong>la</strong>, 2005 : 552).À l’instar de Desco<strong>la</strong>, il me semble nécessaire de s’opposer à l’idéalisation 273 et à <strong>la</strong> nostalgiede certains modes d’identification et de re<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> « nature ». L’urgence est à <strong>la</strong>reconnaissance des modalités distinctes de cohabiter avec <strong>la</strong> « nature » qui se donnent pourobjectif de préserver et les hommes et leur p<strong>la</strong>nète, sans annihiler l’un des deux acteurs. Le272 L’anthropocène est un néologisme récent créé et utilisé par des scientifiques (dont le prix Nobel en Chimie,Paul Crutzen) pour désigner <strong>la</strong> fin de l’holocène et les débuts d’une nouvelle ère géologique dans <strong>la</strong>quellel’action de l’espèce humaine est devenue une force géophysique qui agit sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète. Selon Mike Davis(2008), cette ère est marquée par une « instabilité radicale des environnements ». Alors que les êtres humains ontacquis les capacités de modifier mais aussi de détruire leur environnement ou encore d’influencer les forces quirégulent le climat de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète, certains parlent aujourd’hui dans les termes d’un anthropocide. Ce terme rejointles considérations philosophiques de Jean-Pierre Dupuy (2002) au sujet de l’avenir catastrophiste. Selon Dupuy,si nous n’accordons pas à l’avenir son poids de <strong>la</strong> réalité, nous n’aurons aucune chance d’échapper à ce qui estpeut être depuis toujours notre destin, l’autodestruction.273 Dans le chapitre « Les effondrements des Mayas » de son livre Effondrement. Comment les sociétés décidentde leur disparition ou de leur survie (2006), Jared Diamond démystifie les points de vue qui idéalisent <strong>la</strong> gestionagricole des ancêtres mayas comme ayant été parfaitement soutenable. On retiendra également l’ouvrage deShepard Krech, The Ecological Indian : Myth and History (1999) qui, par ses propos remettant en question lesreprésentations traditionnelles de l’indien respectueux de l’environnement, a suscité de vives polémiques.396

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